" ... la ténacité va-t-elle payer ?.... je l'espère..."
Info L'Express
Législatives en Birmanie: victoire historique du parti d'Aung San Suu Kyi
La ligue nationale pour la démocratie a remporté la majorité des sièges au sein des deux chambres au Parlement. Un résultat que n'ont pas attendu les généraux pour adouber l'ancienne figure de l'opposition birmane.
D'après les derniers résultats communiqués par la commission électorale, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) a remporté 348 sièges et sera donc largement majoritaire. Le succès est d'autant plus fort que le taux de participation a dépassé les 80%, pour 30 millions d'électeurs appelés aux urnes. Un quart des sièges étaient toutefois alloués aux militaires, leur garantissant de fait une réelle influence. Le chef de l'armée a le pouvoir de nommer certains ministres clés comme celui de l'Intérieur et de la Défense. La réaction de l'armée à une écrasante victoire était l'un des principaux motifs d'inquiétude, Aung San Suu Kyi ayant promis de détricoter un système donnant aux militaires un pouvoir politique considérable.
La consécration pour Aung San Suu Kyi
En théorie, la constitution birmane interdit à toute personne dont les enfants sont nés ressortissants étrangers d'occuper la présidence birmane. C'est le cas de l'ancienne figure de l'opposition, puisque ses deux enfants sont nés en Colombie. Mais elle a d'ores et déjà promis de diriger le pays si son parti gagnait les législatives, prévenant qu'elle avait "un plan" et qu'elle serait "au-dessus du président". Quelle marge de manoeuvre?
"Ce sera vraiment un Parlement dominé par la LND, ils seront capables de faire adopter toutes les lois qu'ils souhaitent et ils n'auront pas à former de coalition", analyse Richard Horsey. Ce raz-de-marée pour le parti de la prix Nobel de la paix ne laisse que des miettes à ses adversaires, notamment le parti au pouvoir des héritiers de la junte militaire.
discussions de réconciliation nationale. Elle devrait se rendre lundi à Naypyidaw, la capitale administrative située à cinq heures de route de Rangoun, pour la reprise de la session du Parlement sortant, occasion de négociations en coulisses.
Faire profil bas
Dans ce contexte, la stratégie de la LND depuis le vote a été de faire profil bas, pour laisser au gouvernement post-junte le temps d'accepter sa défaite. Pourtant, la foule de ses partisans n'attend que le signal de Mme Suu Kyi pour laisser éclater sa joie, dans un pays où l'émotion suscitée par ces élections est intense mais n'a pas encore pu vraiment s'exprimer, Aung San Suu Kyi ayant donné la consigne d'attendre les résultats définitifs. Sa victoire a néanmoins déjà été reconnue par de nombreux chef d'Etat. Le président américain Barack Obama, qui a par deux fois lors de voyages officiels en Birmanie rencontré Aung San Suu Kyi, a "salué les efforts et les sacrifices constants" de l'opposante, qui n'a pas pu voir grandir ses deux fils, restés en Angleterre avec leur père.
Une fois l'euphorie de la victoire retombée, la partie sera néanmoins serrée, en raison du poids politique et économique des militaires. Aung San Suu Kyi ne pourra de toute façon pas devenir présidente en raison d'une Constitution taillée sur mesure contre elle par la junte, qui interdit à toute personne ayant des enfants étrangers de se présenter - les siens ont la nationalité britannique.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui l'a félicitée, a également loué "le courage et la vision" du président Thein Sein pour avoir mené des réformes depuis quatre ans, malgré des signes de crispations comme l'arrestation d'étudiants récemment. Mais il a aussi prévenu qu'il restait "beaucoup de travail" pour faire de la Birmanie une démocratie.
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