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dimanche 8 novembre 2015

Aung San Suu Kyi, d'opposante assignée à résidence à favorite des élections en Birmanie

Billet d'humeur journalistique :

"Quel espoir..."


Info Huffington
Aung San Suu Kyi, d'opposante assignée à résidence à favorite des élections en Birmanie
80%. Selon la commission électorale, c'est l'impressionnant chiffre de participation atteint ce dimanche 8 novembre en Birmanie, au soir de législatives historiques pour lesquelles le parti de l'opposante Aung San Suu Kyi est favori. "Environ 80% des plus de 30 millions d'électeurs se sont déplacés aujourd'hui" selon de premières estimations, a dit à l'AFP Thant Zin Aung, représentant de la commission électorale.
Au-delà des législatives, l'enjeu est l'élection du président par le Parlement dans quelques mois. La lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, empêchée d'accéder à la présidence par la Constitution héritée de la junte, a prévenu qu'elle serait "au-dessus du président" en cas de victoire de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie.
Lors des dernières élections libres en Birmanie, Aung San Suu Kyi était en résidence surveillée. Un quart de siècle plus tard, l'opposante pourrait devenir Premier ministre. Elle rêve aujourd'hui de voir la Birmanie définitivement tourner la page d'une junte qui a laissé le pays en ruines, opprimé la population pendant des décennies et l'a enfermée pendant 15 ans. Retour sur un parcours hors normes.
15 ans de résidence surveillée
Après la mort de son père, le général Aung San, héros de l'indépendance assassiné en 1947 quand elle avait deux ans, la première partie de la vie d'Aung San Suu Kyi s'est déroulée en exil, d'abord en Inde puis en Grande-Bretagne. Elle y mène la vie d'une femme au foyer modèle, femme d'un universitaire spécialiste du Tibet à Oxford et mère de deux petits garçons.
Mais en 1988, se rendant en Birmanie au chevet de sa mère, elle arrive en plein soulèvement contre la junte, réprimé dans le sang et décide de s'impliquer dans le destin de son pays. "Je ne pouvais pas, en tant que fille de mon père, rester indifférente à tout ce qui se passait", dit-elle lors de son premier discours, à la pagode Shwedagon, en 1988, resté comme le moment où l'icône Suu Kyi est née.
Elle est autorisée à former la LND mais est rapidement placée en résidence surveillée. Elle assiste ainsi, à distance, à la victoire de son parti aux élections de 1990, dont la junte refuse de reconnaître les résultats.
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Aung San Suu Kyi en 1989
Les années de résidence surveillée passent, dans sa maison au bord d'un lac en plein Rangoun, où de rares émissaires sont autorisés à lui rendre visite, ainsi que parfois ses deux garçons, restés vivre en Angleterre avec leur père. Celui-ci mourra d'un cancer sans que sa femme n'aille lui dire adieu, de crainte de ne plus être autorisée à rentrer en Birmanie.
En 2010, Aung San Suu Kyi est libérée après 15 ans de résidence surveillée, dont sept consécutifs, affichant toujours une détermination sans faille.
Une candidate devenue pragmatique
L'entrée en politique de Suu Kyi n'avait donc rien de programmé. Sa récente mue en femme politique - elle est entrée au Parlement en 2012 à l'occasion d'élections partielles - a pourtant terni sa réputation d'icône des droits de l'Homme, notamment à l'étranger.
Pragmatique, elle évite de s'avancer sur le sort des Rohingyas, minorité musulmane persécutée en Birmanie. Au sein de son parti, certains lui reprochent aussi son autoritarisme et le peu de place laissée aux jeunes. Cependant, pour les Birmans soumis à la dureté de la vie sous une junte ayant coupé le pays du monde, elle incarne encore "leurs espoirs d'un retour à la démocratie", estime Phil Robertson, représentant de Human Rights Watch en Asie.
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Aung San Suu Kyi lors d'une conférence de presse en novembre 2015
"Notre pays ne peut changer que si elle nous dirige", explique Myint Myint Kyi, fonctionnaire à la retraite interrogée par l'AFP lors d'un meeting de Suu Kyi.
En cas de victoire, "je dirigerai le gouvernement" et "je serai au-dessus du président" élu par les parlementaires, a lancé Suu Kyi jeudi devant la presse internationale, défiant les lois imposées par la junte. Elle ne peut en effet prétendre devenir présidente à cause d'un article de la Constitution qui bloque l'accès à la fonction suprême pour les personnes ayant des enfants de nationalité étrangère. Or ses deux enfants sont britanniques.
"Cette élection est une grande chance de changement pour notre pays. Le genre de chance qui n'arrive qu'une fois ou deux dans l'Histoire", avait aussi confié quelques jours plus tôt la prix Nobel de la paix lors d'un grand meeting à Rangoun.
Une figure qui incarne encore l'espoir
La Birmanie a connu de grands changements depuis l'ouverture du pays en 2011 mais "deux grands facteurs n'ont pas changé: l'aura charismatique de Suu Kyi et l'emprise durable de l'élite militaire", explique le politologue Nicholas Farrelly. "Pour de nombreux électeurs de Birmanie, elle est la figure de la lutte contre l'autoritarisme dans leur pays. Ils imaginent que le destin démocratique interrompu dans les années 1990 est maintenant à portée de main", ajoute-t-il.
Pour des Birmans soumis à la dureté de la vie sous une junte ayant coupé le pays du monde, Suu Kyi incarne encore aujourd'hui, malgré sa mue en femme politique, "leurs espoirs d'un retour à la démocratie", estime Phil Robertson, représentant de l'ONG Human Rights Watch en Asie.
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La plupart des électeurs ont voté pour la première fois
"Notre pays ne peut changer que si elle nous dirige", explique ainsi Myint Myint Kyi, fonctionnaire à la retraite interrogée par l'AFP lors d'un meeting de Suu Kyi, vers laquelle toute l'attention médiatique était tournée depuis plusieurs jours et qui votait elle-même pour la deuxième fois dans son propre pays, à 70 ans. La plupart des 30 millions de Birmans appelés à s'exprimer n'ont jamais voté de leur vie.
Avant de connaître les résultats - rien de définitif ne sera annoncé avant plusieurs jours, dans ce pays pauvre à l'administration défaillante sans tradition électorale -, le scrutin est déjà considéré comme révélateur du succès de la transition démocratique amorcée il y a quatre ans en Birmanie, avec l'auto-dissolution d'une junte ayant régné d'une poigne de fer depuis 1962.

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