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mercredi 16 décembre 2015

Vous n'achetez jamais d'œufs de poules en cage? Vous en mangez pourtant tous les jours

 Billet d'humeur journalistique :

" ... décidément pour manger il faut savoir lire ...!!!"




 Info Huffington Post
Vous n'achetez jamais d'œufs de poules en cage? Vous en mangez pourtant tous les jours
Les œufs pondus en cage? Très peu pour vous. Pour des questions de goût et/ou de bien-être animal, vous n'envisagez pas un instant d'acheter autre chose que du "plein air".
Vous ne voulez pas entendre parler de poules entassées entre quatre grilles, qui ne voient jamais la lumière du jour. Vous préférez les imaginer en extérieur, capables de déployer leurs ailes pour aller se percher librement et assouvir des besoins essentiels comme gratter et picorer le sol pour trouver à manger.

Et pourtant, vous mangez régulièrement des œufs produits en batterie sans forcément vous en rendre compte. Très prisés des industriels pour leur faible coût, ces derniers sont utilisés de façon quasi systématique dans de nombreux aliments transformés et se retrouvent parfois même là où on ne les attend pas.
Des œufs, encore des œufs, toujours des œufs
Les petites boîtes en carton, remplies généralement de six ou douze coquilles, n'occupent souvent pas plus du quart d'une allée dans les grandes surfaces. Cela n'empêche pas pour autant les œufs de se retrouver cachés partout ailleurs dans les supermarchés. Après avoir été transformés en ovoproduits –c'est-à-dire conditionnés sous forme liquide ou en poudre–, ils entrent en effet dans la composition de nombreuses préparations industrielles.
Parmi les plus évidentes: les quiches, les quenelles, les mayonnaises ou encore les biscuits et les pâtisseries. Mais ils s'immiscent aussi dans toute une série d'articles dans lesquels leur présence est plus surprenante. En regardant bien les listes d'ingrédients, on retrouve des œufs dans des plats préparés dont la recette traditionnelle n'en contient pas (lasagnes ou gratin dauphinois), certains aliments transformés (surimi, sauces ou fromages) et parfois même dans des produits non alimentaires comme shampooings et savons.

oeufs cage

Des ovoproduits obtenus en très grande majorité à partir d'œufs pondus en cage.
"Le plein air est un argument que les marques ne manquent pas de mettre en avant donc si cette mention n'apparaît pas en gros sur la boîte, vous êtes sûr que des œufs en batterie ont été utilisés", assure au HuffPost Brigitte Gothière, porte-parole de l'association L214 Éthique & Animaux. Même avertissement du côté de Compassion in World Farming (CIWF): sur son site, l'association de protection des animaux de la ferme affirme que ces ingrédients "proviennent de poules élevées en cage, sauf mention contraire".
Un "supplément d'âme" pour séduire le consommateur
Interrogés sur l’origine des œufs intégrés dans leurs recettes, plusieurs grandes marques reconnaissent effectivement ne pas avoir recours aux poules élevées en liberté. Lustucru (groupe Panzani), La Laitière (groupe Nestlé) ou encore Sodebo confirment au HuffPost utiliser des œufs pondus en batterie.
Moins à l'aise sur la question, le service consommateur de la marque LU (groupe Mondelēz) s'est cependant contenté d'affirmer que ses élevages "respectent la loi" et a jugé que le choix entre cage et plein air était une information "confidentielle".
Au final, le consommateur n'a donc que deux options pour être sûr d'un simple coup d'œil de l'origine des œufs au sein d'un produit transformé. La première est de se tourner vers les articles biologiques: le cahier des charges imposé pour obtenir le fameux logo vert "AB" garantit aux volailles un accès à l'extérieur. La seconde est de voir apparaître dans les ingrédients le label "œufs fermiers" ou en toutes lettres "œufs plein air".

oeufs cage

Une mention que la marque St Michel a commencé à afficher clairement sur ses gâteaux(voir le dessin ci-dessus à droite), les œufs de batterie n'ayant plus leur place dans les usines de la biscuiterie depuis octobre 2015. "La poule est notre symbole, on se voyait mal être cohérent avec des poules en cage", explique François Roche Bayard au HuffPost.
Un "supplément d'âme", selon ce dernier, qui devrait parler au consommateur français même s'il entraînera "un surcoût de quelques centimes d'euros sur les six produits les plus riches en œufs de la marque". La liberté des volailles fait en effet de plus en plus d'adeptes: sur les 5 milliards d’œufs achetés en boîtes sur le territoire en 2014, 37% venaient de poules élevées avec accès au plein air contre 20% en 2007.
L'initiative de St Michel "est formidable, elle va dans le bon sens", se réjouit Brigitte Gothière. "Cela fait une différence énorme pour les poules qui peuvent étendre leurs ailes, se déplacer, mieux vivre même si ce n'est pas pour autant la panacée: les poussins mâles sont toujours broyés et les poules partent à l'abattoir après un an", relativise-t-elle cependant.
Pour les amoureux de la nature qui ont un jardin ou même une grande terrasse, l'idéal reste alors d'adopter ses propres poules (au moins deux pour ne pas qu'elles s'ennuient). Quatre à cinq mètres carrés et un entretien peu onéreux suffisent à ces volailles pour vivre une dizaine d'années, produire jusqu'à 300 œufs par an et faire de bons animaux de compagnie.

oeufs cage
Comment ne pas tomber dans les pièges marketing
Si St Michel peut se féliciter d'être la première marque à entreprendre un changement d'une telle ampleur, c'est que peu d'entreprises se sont intéressées au sujet pour le moment. Ces dernières années, les principaux changements sont venus d'Amora ou Lesieur qui ont abandonné les œufs en cage pour fabriquer leurs mayonnaises et de Marie qui a choisi d'utiliser des œufs fermiers pour certaines de ses quiches et tartes salées.
Une avancée très timide à l'instar de ce qu'il se passe sur le marché des œufs toujours dans leur coquille. Alors qu'en Belgique ou au Pays-Bas de nombreuses grandes surfaces ne vendent plus d'œufs de batterie dans leurs rayons, ce genre d'initiative n'existe pas dans l'Hexagone. Seule la chaîne Monoprix s'est engagée à ne plus proposer d'œufs de poules élevées en cage... sous sa propre marque uniquement. Ses magasins continuent de mettre à disposition des œufs de batterie pondus pour Matines, Le Gaulois ou L'Oeuf de nos Villages (cliquez sur l'image ci-dessous pour voir un rayon à Paris).

oeufs en cage

En cage, au sol, avec accès au plein air, bio, ... même en boîte et dans leur coquille les œufs sont d'ailleurs parfois difficiles à identifier. Et ce, particulièrement avec les nombreuses astuces marketing pour détourner l'attention des conditions d'élevages les plus rudes, comme les appellations "extra-frais", "datés du jour de ponte" ou "de nos régions", accompagnées de photos de paille et de céréales rappelant la nature.
Le seul moyen d'être sûr de ce que l'on achète est en fait simple: il suffit de regarder le code imprimé sur chaque œuf, obligatoire depuis une directive de l'UE datant de 2002.
» Comment décrypter les codes sur les œufs (cliquez pour agrandir):
oeuf en cage

Chaque mode d'élevage et le chiffre qui lui est attribué correspondent à:
3 - EN CAGE - Chaque poule doit avoir au minimum 600 cm2 de surface utilisable (l'équivalent d'une feuille A4). Pas d'accès au plein air ni à la lumière naturelle. Taille de l'exploitation non limitée (peut aller jusqu’à 100.000, selon CIWF). Prix unité: environ 20 centimes.
2 - AU SOL - 9 poules/m2 de surface utilisable (soit un cercle de 38 cm de diamètre chacune, l'équivalent de l'assise d'une chaise de cuisine). Pas d'accès au plein air ni à la lumière naturelle. Taille de l'exploitation non limitée (peut aller jusqu’à 20.000, selon CIWF).
1 - EN PLEIN AIR - 9 poules/m2 de surface utilisable. Libre accès à un parcours extérieur durant la majeure partie du jour qui offre au moins 4 m2 par poule. Taille de l'exploitation non limitée (peut aller jusqu’à 15.000, selon CIWF). Prix unité: environ 27 centimes.
0 - BIO - 6 poules/m2 de surface utilisable (soit un cercle de 46 cm de diamètre chacune, l'équivalent de l'assise d'un fauteuil de bureau). Libre accès à un parcours extérieur durant la majeure partie du jour qui offre au moins 4 m2 par poule. Taille de l'exploitation limitée à 3000 poules. Nourriture sans OGM, issue à 95% de l'agriculture biologique. Prix unité: environ 35 centimes.
 

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