Star Wars 7: notre critique d'un "réveil" réussi, tout en équilibre dans la force
Rarement un film n'a aussi bien porté le titre de "blockbuster de l'année". Star Wars: Le Réveil de la Force sort en salles ce mercredi 16 décembre, quelques jours avant d'être dévoilé aux États-Unis, et cristallise toutes les attentes.
Le premier long-métrage de la saga sans George Lucas a joué les pompiers pyromanes, attisant la curiosité des fans avec une batterie impressionnante de matériel promotionnel -une tripotée de bandes-annonces notamment- tout en enrobant de mystère son synopsis et ses personnages.
J.J. Abrams, fort de son expérience au chevet d'une autre franchise de science-fiction (Star Trek), était chargé de relancer cet univers mythique, de "réveiller la force", sur un canevas taillé pour durer. Un pari réussi pour le réalisateur américain qui est parvenu à rendre hommage à la première trilogie en posant les bases d'une nouvelle série. La saga a trouvé son nouvel élu, celui qui doit rétablir l'équilibre dans la force.
Hommage
Aucune information sur le scénario, écrit par Lawrence Kasdan, collaborateur de Lucas sur L'Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi, n'aura été dévoilée avant la sortie du film. "Nous avons agi ainsi dans l’intérêt des fans et des spectateurs", avait annoncé J.J. Abrams en marge de la présentation du film à Los Angeles.
Si l'embargo imposé par Disney -ne pas révéler l'intrigue du film ni les liens unissant les personnages afin de ne pas spoiler les premiers spectateurs- ne permet pas de détailler les péripéties du Réveil de la Force, elles apparaîtront assez familières aux yeux des adeptes de la saga.
En préparant le terrain pour une nouvelle génération de fans, Abrams s'est résolument penché vers le passé, se nourrissant de la mythologie Lucas et de la plume de Kasdan donc pour construire un épisode autonome, capable à la fois d'introduire de nouveaux personnages, les faire cohabiter avec les anciens et poser de nouvelles problématiques.
Dans la lignée des franchises relancées par les studios, Le Réveil de la Force peut s'apparenter à un de ces films-hommages parfois boursouflés de références comme Jurassic World et ses clins d'œil appuyés au film original de Steven Spielberg jusqu'à l'indigestion.
Le cinéaste Nicolas Saada prédisait déjà dans le hors-série Star Wars de Télérama ce retour aux sources voulu par J.J. Abrams: "Il semble que sa volonté soit de faire un film 'vintage', qui va sans doute essayer de ressembler à un film des années 1970." Il faut dire que le réalisateur avait déjà démontré ses talents d'imitateur de génie dans le superbe et très spielbergien Super 8.
"Il a construit beaucoup de décors en vrai, il n'y a presque pas de fonds verts, il est revenu aux maquettes, il tourne en pellicule. Il veut faire un Star Wars qu'aurait pu faire Lucas il y a 40 ans. (...) Ce sera un film 'à la manière de', Abrams saura faire ça mais est-ce qu'aujourd'hui le cinéma c'est la faculté de reproduire au millimètre près quelque chose qui a déjà eu lieu?"L'ode au "c'était mieux avant" symbolisé dans Jurassic World par le combat entre le T-Rex et l'Indominus Rex, dinosaure génétiquement modifié, fonctionne beaucoup mieux dans "Le Réveil de la Force". J.J. Abrams a réussi à rendre son film cohérent là ou Trevorrow (d'ores et déjà annoncé à la réalisation de Star Wars 9) avait échoué chez les dinosaures. Le mélange d'éléments faisant le pont avec les épisodes précédents et la nouvelle intrigue se fait ici de manière bien plus subtile.
Reliquats
Poursuites intersidérales, boutades, combats de sabres-laser, créatures étranges, pouvoirs surnaturels, romance et psychodrames familiaux, Le Réveil de la Force reprend bon nombre des ingrédients présents dans la trilogie originelle. On le savait déjà mais de nombreux personnages font par ailleurs leur retour.
Harrison Ford (Han Solo), Peter Mayhew (Chewbacca) et Carrie Fisher (Générale Leia) occupent une place importante dans le récit. Beaucoup plus importante que celle réservée à Leonard Nimoy (Spock) dans le Star Trek réalisé par J.J. Abrams. La puissance iconique du premier couple demeure intacte comme le soulignait Ford en conférence de presse:
"Cela fait plaisir de rentrer à la maison. Je suis conscient de ce que représentent ces films pour le public et je suis content de voir qu’ils continuent à vivre."
Autres figures familières mais plus anecdotiques celle des robots R2-D2 et C-3PO qui se font voler la vedette par une nouvelle recrue: BB-8. Le robot sphérique va occuper une fonction presque similaire à celle de R2-D2 dans Un nouvel espoir. La réussite du Réveil de la Force repose en grande partie sur ces nouveaux arrivants.
Génération X-Wing
Le courant passe effectivement très bien avec cette nouvelle génération de vedettes débarquant quatre décennies après la sortie du premier Star Wars. Rey, la pilleuse d'épave (Daisy Ridley) et Finn, le stormtrooper (John Boyega) s'interrogent même un temps sur l'existence des Jedi et de la Force.
Poe Dameron, le pilote de X-Wing héros de la Résistance, s'autorise même quelques saillies humoristiques que n'aurait pas renié Han Solo. Côté obscur, le Supreme Leader Snoke, créature de synthèse a remplacé l'Empereur Palpatine comme symbole du mal ultime, secondé dans sa tâche par le général Hux (Domhnall Gleeson) à la tête de l'armée du Premier ordre.
C'est Adam Driver qui vole la vedette au reste du casting. L'acteur de la série Girls incarne Kylo Ren aux colères bientôt cultes. Le film trouve même une utilité à la garde en croix de son sabre laser.
"Star Wars réinventait beaucoup de choses, réutilisait la narration des 'serials' avec la noblesse de la technologie telle que Stanley Kubrick et Douglas Trumbull l'avaient développée, un mariage étonnant entre une forme très élégante et des récits très basiques. Là, on est dans la reproduction, à quoi ça sert?"' s'interrogeait Nicolas Saada.
Et ce mimétisme saute parfois aux yeux. Le Premier Ordre et la Résistance sont les héritiers de l'Empire et de la Rébellion. Les moyens mis en œuvre pour parvenir à leurs fins ressemblent assez fidèlement à ceux utilisés dans la première trilogie. La technologie de Star Wars semble s'être aussi arrêtée au Retour du Jedi. Les pilotes continuent de s'affronter à bord de Tie Fighters et de X-Wings.
Pari réussi
Comme prévu par J.J. Abrams et contrairement aux épilogues post-générique popularisés par les blockbusters de Marvel (Avengers, Iron Man ou Captain America), Le Réveil de la Force se conclut par une rencontre particulièrement attendue qui laisse déjà présager des similitudes entre l'intrigue de l'épisode 8 actuellement en tournage sous la houlette de Rian Johnson (Looper) et celle de L'Empire contre-attaque.
Une manière de rembourser déjà de moitié l'investissement consenti par Disney pour le rachat de la société de George Lucas en 2012 (un peu plus de 4 milliards de dollars). Depuis la mise en vente des tickets en octobre, le record du meilleur démarrage détenu par... Jurassic World semble aussi dans la poche.
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