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mercredi 23 octobre 2013

La bouse est dans le pré

Billet d'humeur journalistique :

"...après on dira que nos agriculteurs ne sont pas imaginatifs !!!!!!"



Info Le Point
La bouse est dans le pré.
Un "loto-bouse", variante dégoulinante du fameux jeu de hasard, vient de se tenir en Seine-et-Marne. Les ingrédients ? Une vache, un pré et de la patience.
Vos vieux jetons sont définitivement has-been. À Favières-en-Brie, le loto se joue debout, à l'extérieur et avec... une vache. Déjà expérimentée dans une poignée de prés français, l'opération a pris un nouveau tournant le week-end dernier en Seine-et-Marne. Le principe, clairement édicté dans le règlement de la compétition, est le suivant : "Avant le début du jeu, le bovin est conduit au centre de l'aire quadrillée sur une zone neutre. Un décompte de 15 secondes est fait avant que le départ réel du jeu ne soit homologué. Lorsque le bovin fait sa ou ses bouses, le numéro de la case* sur laquelle elle se situe est relevé et énoncé à haute voix par le commissaire."
"Elle avait déjà pété dans la remorque"
Initialement prévu dans le stade de la commune, ce premier "loto-bouse" faviérois a, un temps, été menacé. "Des manouches s'étaient installés", raconte Daniel Bouzonie, paysan du coin à l'accent bien marqué : "Le maire est venu, on se connaît bien. Je lui ai prêté mon pré, à condition qu'il n'y ait aucun déchet à la fin du concours. Les vaches n'aiment pas ça." Né dans la région, le fermier avait déjà prévu de fournir le bovin. "Le problème, c'est qu'on ne savait pas si elle allait péter ou pas."
Bloquée dans une remorque pendant près d'une heure, Hortense aurait pu faire sa difficile. "On avait choisi la plus gentille, mais avec la foule, c'était compliqué. Je peux vous dire qu'elle n'était pas contente d'être là." Le stress, sans doute. Tombée du camion aux alentours de quinze heures, elle s'est finalement décidée à lâcher sa "grosse bouse" sur la case 1 271, moins d'un quart d'heure plus tard. Un miracle : "Normalement, elles pètent en se couchant puis quand elles se lèvent. En plus, elle avait déjà pété dans la remorque."
Un ex-avocat pour gérer les litiges.
Avocat à la retraite, Guy Lautier avait été assermenté pour que tout cela glisse bien : "Monsieur Bouzonie est un type sérieux. Il avait bien préparé la vache mais, selon lui, cela aurait pu prendre jusqu'à deux heures." Problème, le règlement n'en prévoyait qu'une. Au-delà, le vainqueur aurait été désigné par tirage au sort. "Le souci, c'est que la bouse n'est pas un composite uniforme. Si elle était tombée sur quatre parcelles à la fois, ça aurait été compliqué. Deux, on aurait réglé ça à l'œil, ou au poids." Absent au moment du concours, le grand gagnant se nomme Germain Paquin, habitant du village voisin de Pontault-Combault. Il n'a pas traîné pour venir récupérer sa Peugeot 107 blanche, sur laquelle dégoulinaient de fausses bouses autocollantes.
Et si la commune avait pris un risque avec le prix des tickets (cinq euros), les deux mille disponibles ont finalement tous été écoulés : "Je ne pensais pas que les gens riraient tant", se félicite l'avocat : "L'ensemble des bénévoles a fait un gros travail, notamment pour le tracé des lignes qui a nécessité 800 kilos de plâtre. Mais finalement, c'est un concours qui colle bien avec la mentalité de Favières, très rural." Précédé d'un festif banquet, qu'il compare aux fameuses aventures d'Astérix et Obélix, le concours devrait sans trop de problèmes être renouvelé l'année prochaine. "Je vous assure, c'est énorme", insiste monsieur Lautier. Chez nous on ne gratte pas, on bouse !"


* Les deux mille cases (ou parcelles) étaient des carrés de quatre-vingts centimètres de côté.

P.

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