Billet d'humeur noir :
" ... plutôt que de médiatiser le terroriste, apprenons à honorer les victimes ..."
Qui est Jacques Hamel, le prêtre tué à Saint-Etienne-du-Rouvray
C'est l'archevêque de Rouen qui a confirmé l'identité de la première victime de la prise d'otages à Saint-Etienne-du-Rouvray. Depuis Cracovie (Pologne) où il assistait à l'ouverture des JMJ, Dominique Lebrun a annoncé que le prêtre tué était le père Jacques Hamel.
Prêtre auxiliaire de cette paroisse de Seine-Maritime, il était né en 1930 à Darnétal dans le département. Ordonné prêtre en 1958, il avait fêté son jubilé d'or (cinquante années de service) en 2008. Il officiait avec le père Auguste Moanda-Phuati, curé de la paroisse.
Ce mardi matin, il officiait à l'église Saint-Etienne quand deux hommes ont pénétré dans le bâtiment et l'ont égorgé. A la retraite depuis une dizaine d'années, il avait demandé à s'installer dans une paroisse où il avait déjà été curé. Moins actif, il remplaçait le curé quand celui-ci est absent.
"Il rayonnait de bonté"
Le prêtre Moanda-Phuati a fait part de sa "consternation". "Je ne pouvais pas imaginer qu'une telle chose pourrait nous arriver. Nous n'avions jamais reçu de menace", a-t-il indiqué à Libération.
A l'image de cette habitante interrogée par L'Express, les paroissiens sont touchés par son décès. "C'est un homme qui a assumé ses fonctions jusqu'au bout. Il secondait le prêtre de l'église. Il était âgé mais resté très disponible pour les uns et les autres. C'était un bon prêtre. Il était là depuis très longtemps. De nombreux paroissiens le connaissaient bien. Il habitait au presbytère de Saint-Etienne-du-Rouvray", a-t-elle déclaré.
Tous les témoignages recueillis par différents médias laissent en effet entrevoir un homme bon. "C’était un homme très attentif aux situations tout en restant discret, et avec un formidable esprit missionnaire. Je revois son visage : il rayonnait de bonté", dit à La Croix l'ancien archevêque de Rouen Jean-Charles Descubes.
Cet article nous apprend aussi que dans la dernière feuille paroissiale, le père Jacques Hamel appelait à prier tout l'été, particulièrement dans le contexte terroriste. "Attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment-là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre ensemble", écrivait-il
"Quelqu'un qui a donné sa vie aux autres"
Le président du Conseil régional du culte musulman de Haute-Normandie, en charge de la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray, s'est lieu dit "effaré par le décès de [son] ami", le prêtre Jacques Hamel. "Je ne comprends pas, toutes nos prières vont vers sa famille et la communauté catholique", a déclaré à l'AFP Mohammed Karabila.
"C'est quelqu'un qui a donné sa vie aux autres. On est abasourdis à la mosquée", a-t-il ajouté. Le prêtre et l'imam s'étaient retrouvés à plusieurs reprises "lors d'interventions publiques dans des salles des fêtes". "Nous faisions partie d'un comité interconfessionnel depuis 18 mois. Nous discutions de religion et de savoir vivre ensemble", a précisé Mohammed Karabila.
"Cela fait 18 mois qu'on s'attaque à des civils, maintenant ils visent des symboles religieux et prennent pour prétexte notre religion, ce n'est plus possible", a-t-il dit.
La mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray a été inaugurée en 2000 sur une parcelle de terrain offerte par la paroisse catholique de la ville. C'est dans cette même mosquée qu'avait eu lieu une cérémonie funèbre en mémoire d'Imad Ibn Ziaten, le parachutiste de 30 ans tué le 11 mars 2012 à Toulouse par Mohamed Merah. Imad Ibn Ziaten était originaire de la commune toute proche de Sotteville-lès-Rouen.
"C'est un choc total, ça réveille la douleur", a déclaré à l'AFP sa mère, Latifa Ibn Ziaten, qui a fondé une association à laquelle elle a donné le prénom de son fils, "Imad pour la jeunesse et la paix", afin de lutter contre la radicalisation islamiste.
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