Un Birman de 2,33 mètres part chercher le salut à l'étranger

Billet d'humeur journalistique :

"....y'a pas à dire , être hors normes amène des tas de problèmes pratiques"

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Un Birman de 2,33 mètres part chercher le salut à l'étranger

Ses amis l'appellent "grand Zaw", surnom pour le moins pertinent: du haut de ses 2,33 mètres, Win Zaw Oo serait le Birman le plus grand. Et grâce à sa toute nouvelle célébrité, il peut enfin espérer être traité contre ce gigantisme.

Aujourd'hui âgé de 36 ans, il sait depuis son adolescence qu'il est différent, lorsque qu'une poussée de croissance l'a propulsé bien au-dessus des habitants de son village reculé du centre de la Birmanie, et du 1,68 m du Birman moyen. A moins de 20 cm d'écart de l'homme le plus grand du monde (2,51 m).
"Je ne rentre pas dans une voiture ordinaire. Quand le médecin m'a amené ici, il a dû louer une camionnette", a-t-il expliqué à l'AFP.
Le trentenaire est arrivé à Rangoun fin juin, après que la publication de son histoire par la presse officielle a attiré l'attention de la population et du corps médical.
Mais dans un pays au système de santé ravagé par un demi-siècle de dictature militaire, il ne peut recevoir les soins appropriés pour empêcher que son état ne s'aggrave. Alors il est parti jeudi pour Singapour, où il devrait être opéré d'une tumeur de l'hypophyse responsable d'une production excessive d'hormone de croissance.
"Je n'ai vu que des avions jouets avant, alors j'ai un peu peur de devoir prendre l'avion", s'est-il inquiété avant son départ. "Mais si c'est pour ma santé, je dois le faire".
Sa grande taille, liée à une maladie très rare appelée acromégalie, est déjà un défi au quotidien.
Ses parents et ses trois sœurs, qui gagnent à peine leur vie en faisant pousser des cacahouètes et des graines de sésame, ont pu lui confectionner des longyis extra-longs --jupe traditionnelle birmane portée à la fois par les hommes et les femmes.
Pieds nus toute sa vie faute de chaussures sur mesure
Mais des chaussures sur mesure étaient bien trop chères, alors il a dû vivre pieds nus quasiment toute sa vie.
Le jeune homme, qui se fatigue vite, n'a pas réussi à garder un emploi stable, même s'il propose son aide aux habitants de son village de la région de Magway, notamment pour les travaux de construction, pour lesquels il n'a pas besoin d'échelle.
Un village où le timide trentenaire passe presque inaperçu. "On le voit tous les jours dans le village (....) alors on ne le voit pas vraiment comme quelqu'un d'extraordinairement grand", a ainsi commenté son cousin Than Htoo, soulignant toutefois qu'il attirait les regards des curieux dès qu'il allait un peu plus loin.
Ses médecins pensent que Win Zaw Oo a arrêté de grandir, mais sa maladie lui fait malgré tout courir de nombreux risques.
L'acromégalie peut en effet s'accompagner de diabète, d'hypertension et de problèmes cardiaques conduisant à "une espérance de vie réduite", selon la Fondation pituitaire britannique.
Alors "il doit être guéri", a insisté Myatthu Mynn, membre de l'équipe médicale qui l'accompagne à Singapour lors de ce voyage financé par des dons.
Mais l'opération, qui implique généralement de passer par le nez ou par une incision dans la bouche pour accéder à l'hypophyse, à la base du crâne, est trop compliquée pour les chirurgiens birmans, a ajouté le médecin.
Pendant des décennies, la junte dissoute en mars 2011 s'est concentrée sur les dépenses militaires, abandonnant presque totalement le système de santé et laissant les habitants privés des soins de base.
Et le nouveau gouvernement d'anciens militaires n'a pas vraiment encore amélioré les choses. Selon des chiffres officiels, l'Etat a consacré seulement 1% de son budget aux dépenses de santé en 2011-2012, et 3% pour l'année fiscale suivante.
Win Zaw Oo espère réaliser ses rêves, dans le cinéma grâce à sa nouvelle notoriété ou avec un commerce qu'il créerait avec ses sœurs.
Son état tempère toutefois ses ambitions... "Je ne peux pas bouger aussi vite que les autres. Je me sens déprimé à cause de ça parfois", a-t-il souligné, disant ne pas penser pouvoir fonder sa propre famille.
Mais "après la fin du traitement, ce sera suffisant de pouvoir vivre ma vie, même si ça ne change pas mon apparence".
P.