"... ce qui démontre qu'il faut y aller.... !!!!"
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8 phénomènes qui n'arrivent qu'en Inde
Trente langues officielles, des milliers de castes, des vaches aux cornes peinturlurées, une profusion de senteurs et de bruits: ne cherchez plus, vous êtes en Inde. Le pays des extrêmes et des passions exacerbées.
Qu'il fascine ou qu'il rebute, le sous-continent ne laisse jamais indifférent. Tout a été dit à son sujet, ainsi que son contraire. Mais c'est quand on s'y trouve qu'on comprend vraiment à quel point le pays est unique et déroutant.
Voici 8 aspects étonnants qui ne manqueront pas de vous suprendre.
1. Un millard deux cent millions de Premiers ministresCe qui suprend dans les premiers jours c'est que l'Inde semble fonctionner selon le précepte: "l'Etat nulle part, le peuple partout". En clair, rien n'est tout à fait officiel, ce qui concourt à une délicieuse atmosphère d'anarchie.
Les panneaux de circulation sont peints sur des morceaux de ferraille (fautes d'orthographe incluses), les rares parcs et squares sont financés par les clubs de cricket (comme le magnifique parc de Bangalore), les ronds-points par le Rotary Club, les temples et mosquées par les associations de quartier.
Dans la plupart des municipalités, les mairies n'existent pas. A la place, on nomme un "président" de village qui, de chez lui, distribue à sa guise l'argent alloué par le gouvernement.
Cela présente bien sûr des inconvénients, comme les coupures d'électricité presque quotidiennes en dehors des grandes villes ou les ersatz de rues, qui se résument souvent à des amas de gadoue et de détritus.
Quant au code de la route, officiellement il existe. En réalité, seul le klaxon fait autorité. "Les gens prennent un malin plaisir à rouler à contre-sens et sur des motos surchargées", m'a un jour confié Basha, père de famille de l'Andhra Pradesh.
D'un autre côté, l'habitude qu'ont les Indiens de devoir se débrouiller seuls semble leur avoir inculqué un sens de l'entraide unique en son genre. Il est par exemple impossible que des voisins ne se connaissent pas (on y reviendra). On mange souvent les uns chez les autres, on va au temple tous ensemble, dans un bus loué pour la journée, et on accueille l'étranger comme un membre de la famille (le système d'entraide est d'ailleurs tellement ancré dans les mœurs que le "merci" est très peu utilisé et l'on refuse systématiquement qu'un invité paie pour quoi que ce soit).
Dernier exemple en date: à la suite des inondations de Chennai, qui ont fait plusieurs centaines de morts début décembre, le gouvernement a brillé par son absence (aucune aide ni ravitaillement lors des premiers jours, hôpitaux privés d'électricité, déclarations laconiques du Premier ministre Narendra Modi...). C'est donc les civils qui ont pris le relais et l'aide a afflué de tout le Tamil Nadu et du reste du pays, comme en témoigne le hashtag #ChennaiRainsHelp (encore pleinement actif aujourd'hui).
2. En Inde on n'a pas de pétrole, mais on a des divinitésLa religion est colorée et festive. Shiva, Jésus, Ganesh, Vishnu, Laxmi... on annonce le nom de son dieu ou de son équipe de dieux (il y en a des milliers, on a le choix) à qui veut l'entendre. Dans les temples on chante, on saute, on pleure, on se maquille et on discute. On n'y vient pas pour se recueillir, mais pour montrer l'amour qu'on porte aux divinités.
La cérémonie du "pooja" en est un bon exemple: tout en hurlant sur ses assistants et en tapant sur une cloche sacrée, le prêtre couvre le "lingam" (statue à la fois phallique et vaginale représentant l'accouplement) de fruits, de lait, de poudre, de beurre, puis des bijoux en or des personnes présentes dans l'assistance. Pendant ce temps, les disciples discutent, chantent, sautillent, prennent des photos, c'est selon.
Il s'agit en fait de prouver à quel point sa famille est pieuse et respectable. Comme les Indiens adorent les selfies, ils se prennent en photo en train de prier dans tel ou tel temple. C'est aussi un moyen de montrer ses clichés de vacances: "ici c'est moi au temple de Madurai, là c'est mon père à Thanjavur", lit-on sur les comptes Facebook.
Le festival de Ganesh Chaturthi, en septembre, est un excellent exemple. Organisé en l'honneur du dieu Ganesha (qui, en raison d'un différend avec son père Shiva, a été décapité et gratifié d'une tête d'éléphant), il consiste à se rassembler en famille ou entre voisins pour aller déposer une statuette du dieu sur le point d'eau le plus proche. A Bombay, les gens se rassemblent sur la plage, boivent autant de Kingfisher qu'ils peuvent et hurlent leur amour du dieu éléphant pendant onze jours sur fond de musique techno et de pétards.
Et toutes les religions fonctionnent un peu de la même manière; parfois elles se mélangent. Dans les églises comme dans les temples on chante et on prie debout. Dans les restaurants, les bus et les salons privés on voit souvent des tableaux ou des autocollants de divinités issues de religions différentes, côte à côte comme dans un gigantesque album Panini. Et toutes les combinaisons sont possibles; pourquoi pas, on est en Inde : Jésus/Laxmi/Sai Baba; Moïse/Parvati/dieu du Kerala; Bouddha/Hanuman/Vierge Marie...
Le bindhi, ce point rouge censé représenter le troisième œil, n'est pas porté seulement par la femme hindou mais par la femme indienne en général (et par les hommes). C'est pareil pour le sari. Et comme les Indiens sont friands de festivités, la communauté chrétienne célèbre à la fois les fêtes chrétiennes et hindous, surtout dans le sud du pays.
L'Inde est une terre de croyance, et toutes les religions sont les bienvenues; tout bon orateur peut potentiellement être élevé au rang de dieu. Gandhi a sa place au Panthéon. On ne refuse jamais une nouvelle image dans l'album Panini.
3. Ecran totalEn dépit des coupures d'électricité et d'un taux de pauvreté encore effarant (le salaire moyen tourne autour de 6000 roupies par mois, soit environ 80 euros), l'Inde est un pays connecté. Peut-être même plus que n'importe quelle nation occidentale.
Quelle que soit la caste à laquelle on appartient ou les conditions dans lesquelles on vit, on possède un portable. La plupart du temps un smartphone connecté en 3 ou 4G. Ainsi il n'est pas rare de voir une famille vivant dans une maison faite de bric et de broc, dans un bidonville isolé en pleine campagne, rassemblée autour d'un écran de smartphone (et plus l'écran est grand, mieux c'est). C'est un peu l'ancienne et la nouvelle face de l'Inde réunies au sein du foyer.
Allez faire une tour du côté des villages Dalit (caste la plus basse de la société, plus connue sous le nom d'"intouchables"). Vous y verrez plusieurs maisons équipées d'une télé, d'un frigo, d'une machine à laver, mais pas de toilettes.
Il faut dire qu'à part deux ou trois fabricants chinois, toute la production est locale et les prix ridiculement bas. Le forfait téléphonique le moins cher tourne autour de 50 roupies (0,65 euros).
Ici une petite mise en garde s'impose pour les voyageurs: il est très difficile (voire impossible dans les villes les moins touristiques) de trouver des cybercafés, et encore plus difficile de trouver Skype. On estime que tout le monde est équipé d'un smartphone connecté en 3G, donc pas besoin d'ordinateur.
Au sein de la classe moyenne, toutes les familles comptent une bonne dizaine d'ingénieurs ou d'informaticiens. Car connaître les rudiments du codage est devenu le meilleur moyen de s'élever socialement. Dans une ville comme Bangalore, centre technologique du pays, les vendeurs de manuels d'apprentissage informatique sont trois fois plus nombreux que les bouquinistes à Paris.
4. L'union fait la forceQui veut comprendre la société indienne doit avant tout comprendre sa vision de la famille, et du mariage en particulier. Car le mariage pour une famille indienne c'est comme la religion: une manière de conserver son honneur et le respect des autres.
Le mariage est si important que bien souvent les parents préféreront interrompre les études de leurs enfants pour pouvoir financer leur cérémonie de mariage (un mariage arrangé, cela va de soi). Car celle-ci coûte cher, très cher. Il s'agit d'impressionner, et il faut y mettre les moyens.
"Je vais au moins à quatre mariages par mois, m'a indiqué Dhanusu, de Villupuram (près de Pondichéry). Dix dans les mois les plus chargés."
Quand on organise un mariage, on se doit d'inviter tout le village et de nourrir les invités. Ainsi que les invités des invités. On arrive rapidement à plusieurs milliers de personnes. Les dépenses sont faramineuses. "Si l'on n'invite pas tout le monde, ça crée des conflits, déclare Hari, dont le mariage a rassemblé entre 1500 et 2000 personnes. Les gens parlent et viennent se plaindre."
Alors pour gagner du temps, une nouvelle mode a vu le jour : les affiches publicitaires de 10 mètres par 4 de type Bollywood, sur lesquelles apparaissent les mariés et les principaux membres de la famille, ainsi que deux ou trois acteurs connus. Parfois un politicien, si celui-ci a participé aux frais.
Tout le monde est invité.
Un conseil: si vous voulez manger gratuit, cherchez les affiches de mariage. On apprécie toujours un étranger ou deux à sa cérémonie. Même un étranger en short.
5. Les vaches sont sacrées, mais les autres animaux aussiC'est juste qu'une vache au milieu d'une route, c'est plus impressionnant. Et chaque dieu a son petit véhicule particulier, sous la forme d'un animal. Celui de Shiva, le dieu le plus vénéré, est un bœuf (du nom de Nandi). Il n'est donc pas étonnant de voir plus de bovidés lors des cérémonies sacrées.
Mais concrètement, comme tous les dieux ont un véhicule, tous les animaux sont sacrés. Pour Ganesh (qui décidément n'a pas de chance), c'est un rat. Pour Vishnu, c'est un serpent. Pour Durga, c'est un lion. Pour Saraswati, c'est un paon.
Les rats ont d'ailleurs un temple qui leur est réservé: celui de Karni Mata (dans la ville de Deshnok) dans lequel pullulent des milliers de rats que les pèlerins nourrissent de bon cœur.
Quant au mythe qui voudrait qu'on n'ait pas le droit de toucher aux vaches, il est faux. En réalité chaque vache a un propriétaire, a les cornes peintes et des cordes qui lui traversent les narines et lui entourent le cou. Ledit propriétaire habite souvent en ville et laisse son animal s'installer sur les routes. D'où l'omniprésence des bovins dans les centres urbains.
Dernier point: l'Inde, qui consomme très peu de bœuf, est un des plus gros exportateurs de viande rouge.
6. L'intérieur c'est l'extérieur (et vice versa)En plus d'être un Premier ministre en puissance, l'Indien est un urbaniste talentueux. Comme les villes sont dépourvues de la moindre logique, du moindre agencement (voir première partie), leurs habitants peuvent y apporter les modifications qu'ils veulent. Car chez soi, c'est l'intérieur de la maison, mais c'est aussi tout ce qu'il y a autour.
Et puisqu'il faut afficher sa religion (voir deuxième partie), on dessine des mandalas sur les trottoirs (formes géométriques qui semblent d'apparence abstraites, mais possédent toujours une signifaction occulte), on accroche des tableaux des divinités aux arbres, on habille les statues et on peint les animaux errants.
Ce que la municipalité ne fournit pas on le fabrique, comme cette splendide poubelle de rue.
Quand on met de la musique, on ne branche pas un iPod dans sa cuisine pour accompagner sa lecture d'une douce mélopée folk. On oriente les enceintes vers l'extérieur, à plein volume, pour que tout le quartier en profite. Pareil pour la télé.
De manière générale, un Indien reste très peu à l'intérieur. Il est soit sur son palier (il y a toujours quelque chose de croustillant à observer dans la rue), soit au tea-shop, soit au temple, soit chez quelqu'un d'autre. De toute façon aucune barrière ne sépare les maisons de la rue, ou les unes des autres. Difficile de savoir où s'arrête l'espace privé et où commence l'espace commun.
Quand un étranger arrive dans un village reculé (tel que les villages Dalit mentionnés plus haut), il s'étonnera de voir les enfants du quartier se rassembler et entrer avec lui dans les maisons qu'il visitera (car ledit étranger se verra inviter dans presque toutes les maisons devant lesquelles il passera). Les propriétaires des lieux n'y verront aucun inconvénient.
7. Pop corn et hymne nationalAvant de vous lancer dans la folie des rues indiennes, allez donc dépenser 150 roupies dans un cinéma, n'importe lequel. Pas pour la qualité des films, juste pour le cinéma en lui-même.
Commençons par le commencement. Après avoir passé le portique de sécurité et acheté votre billet, bien assis dans une salle surclimatisée, vous assisterez à la plus longue page de pubs de votre vie. Jamais moins de quarante-cinq minutes, le tout sans aucune bande-annonce (chaque publicité étant précédée d'une photo de son droit d'exploitation).
Apparaît ensuite le drapeau indien en 3D, flottant au vent au son de l'hymne national. Il convient alors de se lever et si possible de chanter.
Quand enfin le film commence, le sol est jonché de pop-corn et d'emballages, et normalement le public est déjà en pleine forme: on crie, on applaudit, on chante en même temps que le générique (les bandes originales de films sont aussi une grosse industrie par ici) et on se prend en selfie. Car un film indien ça ne se regarde pas, ça se vit. On pleure quand c'est triste, on rit quand c'est drôle.
Pour ce qui est du contenu du film, l'Inde a ses propres standards. Chaque production est une comédie musicale, un drame et un film d'action à la fois. Il dure souvent trois heures et contient au moins cinq ou six scènes chantées et dansées, parfois sans rapport avec le reste du film. Au bout d'une heure et demie, un interlude de quinze minutes accorde un répit bien mérité à des spectateurs épuisés par tant d'émotions. L'occasion de passer quelques pubs.
Chacun connaît l'importance de Bollywood en Inde. Mais ce qu'on sait moins c'est que chaque état a sa propre industrie du film, produite dans la langue locale. Et chaque état possède son propre Gérard Depardieu, un acteur présent dans 80% des films réalisés.
Nommons par exemple Amithab Bachcan (omniprésent à la télé et surnommé par François Truffaud "l'homme-industrie") ou Shah Rukh Khan (deuxième acteur le plus riche du monde après Tom Cruise). Au Tamil Nadu, le héros s'appelle Rajinikanth, un sosie de Roland Magdane capable de jouer plusieurs rôles dans le même film (voyez par exemple Lingaa, un chef-d'œuvre du genre).
8. Vous pestez contre les services publics français? Allez faire un tour en IndeTous les guides vous le diront: un séjour en Inde n'est pas complet sans quelques trajets en train. Option la plus économique et la plus confortable pour les longues distances (même en sleeper class, l'option la moins chère), le train est aussi la meilleure manière de passer du temps avec les familles indiennes et de partager leurs repas.
Mais avant de pouvoir entrer dans un wagon, il faut pouvoir le réserver. Car sur les lignes les plus fréquentées, les places partent plusieurs semaines avant la date du voyage.
Et c'est là que l'enfer commence. Il est possible de réserver ses billets sur internet, mais il faut d'abord s'enregistrer auprès de la compagnie des chemins de fer indiens (IRCTC), un site hors d'âge et compliqué à souhait. Il vous faudra une carte de crédit indienne et un numéro de téléphone indien.
En clair, si vous êtes en Inde pour quelques semaines, oubliez la réservation en ligne (en plus, comme on l'a vu, les cybercafés sont introuvables).
Autre option: se rendre directement au bureau de réservation de la gare, souvent situé en périphérie de la ville, en espérant que des billets d'urgence sont disponibles (délivrés 24h avant le départ). On vous fera passer d'un bureau à un autre (vous découvrirez alors, la larme à l'œil que le Minitel existe encore) et remplir formulaire sur formulaire dans des salles surpeuplées et anarchiques (notons l'ironie dans le terme "file indienne"), pour finalement vous annoncer que tous les billets sont partis. Car, dans le même temps, des centaines de passagers sont aussi à la recherche du fameux Graal. Armez-vous de patience, le jeu en vaut la chandelle.
Passons maintenant aux bureaux de poste. Si vous voulez envoyer un colis, il vous faudra d'abord trouver une des rares officines proposant ce service. Vous attendrez une heure pour finalement pouvoir parler à un employé qui enregistra votre colis et vous redirigera vers un autre employé en charge de la confection des paquets. Il s'agit bien de confection puisqu'en Inde, les colis sont fabriqués avec des morceaux de tissu beige et cousus autour des objets à envoyer. Du sur-mesure.
Une fois votre paquet bien enrobé, vous devrez retourner voir le premier employé qui vous tendra un papier avec le nom de l'expéditeur et du destinataire, qu'il vous faudra coller vous-même. Direction le pot de colle, un seau infesté de champignons situé à l'extérieur du bâtiment, dans lequel vous devrez plonger la main pour apposer ledit papier sur le tissu de votre colis.
Même opération pour les timbres, qu'il faudra aller acheter dans un autre bâtiment. Quant aux enveloppes, c'est simple: les bureaux de poste n'en vendent pas.
Car c'est un peu ça l'Inde: un paradoxe permanent. Un dépaysement total pour quiconque s'y laisse prendre. Un conseil: si vous voulez apprécier le pays, n'essayez pas d'y trouver une logique. Pas la peine d'expliquer pourquoi les gens ne connaissent pas le nom de leur rue, pourquoi chaque chambre est équipée d'une trentaine d'interrupteurs, pourquoi les hommes se tiennent la main -doigts entrelacés-, pourquoi il est interdit de se baigner dans la mer.
Une seule explication à tous ces pourquois: c'est l'Inde.
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