Miser sur le végétarien lorsque l'on appartient au groupe A, sur les laitages pour ceux du groupe B… Parmi les régimes à la mode, celui des "groupes sanguins" a fait son chemin chez les personnes souhaitant perdre du poids sans se priver drastiquement. Mais après des années de médiatisation au travers de livres et de magazines, il semblerait que les bienfaits d'adapter son alimentation selon son groupe sanguin n'étaient pas fondés.
À l'origine, on doit ce régime au naturopathe américain Peter D’Adamo. Ce dernier a publié en 1996 Eat Right for Your Type, un livre devenu un best-seller avec plus de 5 millions d'exemplaires, écoulés à travers le monde. Le principe ? Selon Peter D’Adamo, les aliments réagissent différemment dans l'organisme selon son groupe sanguin. Pour perdre du poids, il faut en consommer et en éviter certains selon son rhésus sanguin (groupe A, B, O et AB).
Beaucoup de fruits et très peu de viande
Ainsi, les personnes affichant un groupe sanguin O doivent privilégier les protéines et réduire leur consommation de céréales et de produits laitiers. Celles du groupe B doivent faire une croix sur le maïs, le blé et le poulet au profit de légumes verts, œufs et produits laitiers. Pour ceux du groupe A, les légumes et les fruits consommés crus ou cuits à la vapeur composent l’essentiel de leur menu. Enfin, les personnes appartenant au groupe "AB" peuvent manger à peu près de tout, sauf de la viande rouge.
Mais des chercheurs de Toronto viennent de mettre à mal l'efficacité de cette méthode. Dans une étude parue dans la revue PLoS One, ils ont passé en revue l'alimentation de 1 455 jeunes adultes bien portants. Les participants ont décrit leur régime alimentaire habituel puis subi une prise de sang pour déterminer leur groupe sanguin et leurs facteurs de risque (insuline, cholestérol). Ils ont ensuite comparé les informations dont ils disposaient aux aliments énumérés dans l'ouvrage du naturopathe.
"Cela n'a rien à voir avec son groupe sanguin"
 Ils ont ensuite établi un "score de régime" selon chacun des participants, en fonction de la conformité par rapport à l'un des quatre régimes de type 'sang' censé leur correspondre. "Nous n'avons trouvé aucune preuve qui soutienne la théorie du "régime groupe sanguin", affirme l'auteur de l'étude, le Dr Ahmed El-Sohemy. "La façon dont un individu répond à n'importe lequel de ces régimes n'a rien à voir avec son groupe sanguin, et tout à voir avec sa capacité à se tenir à un régime végétarien ou faible en carbohydrate".
 Cette étude emboîte le pas à une autre recherche qui état la première à arriver à cette même conclusion l'année dernière dans la revue American Journal of Clinical Nutrition. "C'était une hypothèse intrigante, nous avons eu le sentiment qu'il fallait la tester", ajoute le Dr Ahmed El-Sohemy. Ainsi, si ce type de régime préconise principalement de manger des fruits et légumes, il ne faut pas exclure pour autant d'autres aliments comme la viande ou les œufs, importantes sources de protéines.

P.