"....il faut toujours avoir des idées qui avancent pour Paris, pas qui piétinent !!!"
Info Huffington
A partir de ce 8 mai, les Champs-Élysées seront libérés de l’invasion automobile tous les premiers dimanche du mois. Une mesure symbolique qui en ravira au moins autant que cela en énervera. Pourtant, sans être pro ou anti “bagnole”, il faut bien reconnaître que la mairie de Paris met le doigt sur un vrai problème de la capitale: son engorgement.
Qui n’a jamais été exaspéré par les embouteillages sur le périph’? Sur la cohue aux heures de pointe dans le métro ou les trottoirs du boulevard Haussmann le samedi? Comme l’illustratrice Muriel Douru, blogueuse pour le HuffPost, beaucoup de Parisiens ont envie de crier “Paris je t’aime mais je te quitte”, d’aller chercher l’espace, l’air et le calme en Province.
Une lubie de bobo? Pas seulement. Paris et l’Ile-de-France forment objectivement la zone métropolitaine la plus dense d’Europe, loin devant Barcelone, Londres ou Berlin.
Densité de population par hectare en 2004
Paris ne manquent pas de transports en commun pour se passer de voiture. Avec ses cinq lignes de RER, 16 de métros, 8 de tramways, et des dizaines de lignes de bus, la capitale offre une densité de maillage intra muros sans équivalent en Europe. À lui seul, le réseau francilien concentre 40% des trains et 70% des voyageurs circulant en France.
Mais le réseau est déjà saturé en de nombreux points. Selon l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) de l’Île-de-France, la gare du Nord (193 millions de passagers par an) et la gare de Lyon sont au maximum de leur capacités, Saint-Lazare et Montparnasse sont à la limite, seules celles de l’Est et d’Austerlitz ont encore une marge de manœuvre.
Certains axes, comme la ligne 13, les RER A et B, sont tellement saturés qu’ils sont devenus l’objet de blogs, de pétitions, voire de livres qui témoignent tous d’un ras le bol des usagers.
Bref, Paris a besoin d’air! Et c’est un sacré casse-tête à résoudre quand on ne peut pas pousser les murs. Du coup, la mairie de Paris planche sur des initiatives, parfois symboliques, parfois beaucoup plus concrètes.
Multiplier les opérations “sans voiture”
Le 27 septembre 2015, une “Journée sans voiture” a eu lieu. Entre 11 et 18 heures, les quatre arrondissements du centre étaient interdits aux voitures, et la vitesse limitée à 20 km/h dans le reste de la capitale. Un cinquième des arrondissements pendant sept heures, ce n’est pas encore le Grand Soir dont rêvaient les écolos, mais c’est un début. Entre temps, le Conseil de Paris a voté son élargissement à l’ensemble de la capitale pour la prochaine édition.
Depuis 2003, la municipalité développe aussi son programme “Paris Respire“. Tous les samedis, dimanches ou jours fériés, des espaces sont fermés à la circulation dans 13 quartiers de la capitale. Une politique qui inclut également l’extension des horaires d’ouverture des parcs.
Réaménager les quais au profit des piétons
Le 5 mai, deux ans après la fermeture à la circulation de la rive gauche entre le pont Royal et le pont de l’Alma, Anne Hidalgo a lancé “l’acte II de la reconquête des berges de la Seine” selon Le Monde.
Ce projet devrait rendre piéton la rive droite dans les arrondissements du centre dès cet été. L’option la plus ambitieuse concernerait une portion de 3,3 km, entre la voie Georges-Pompidou et le port de l’Arsenal (Bastille). Cela représente “4,5 hectares, dont 8000 mètres carrés d’espaces verts couverts dans les deux tunnels” Henri-IV et des Tuileries rendus aux piétons. Le deuxième scénario fermerait à la circulation la voie Georges-Pompidou sur 1,5 km entre Châtelet et le pont de Sully.
Huit millions d’euros ont été prévus pour des aménagements réversibles, afin de céder la place à la circulation si nécessaire, ou en cas de crue.
Rendre les places de la capitale aux Parisiens
Point de départ de la grande Marche républicaine, lieu de convergence spontané des Parisiens après les attentats de janvier et novembre 2015 et maintenant épicentre du phénomène “Nuit debout”, la nouvelle place de la République confirme chaque jour son statut d’espace urbain en perpétuelle réinvention.
Un phénomène durable qui “étonne” encore l’architecte Pierre Alain Trévelo du cabinet TVK, chargé de l’importante rénovation de la place entreprise entre 2011 et 2013. A l’époque, la République avait été profondément épurée, malgré les critiques, de manière à y “accueillir de nouvelles formes de mobilisation”. “Le vide appelle l’activité humaine. Nous avions souhaité le garder en faisant le pari que l’avenir trouverait des usages auxquels nous n’avions pas forcément pensé”, se souvient-il aujourd’hui.
Davantage d’espace pour vivre, s’exprimer, ou tout simplement faire la fête... La Mairie de Paris planche sur le réaménagement de sept places supplémentaires: Bastille, Nation, Panthéon, Gambetta, Madeleine, des Fêtes et d’Italie.
Encore un peu de patience. Pour l’instant, les projets les plus avancés sont en phase de concertation, les autres encore dans les cartons.
Biofaçade, forêt et ferme urbaine pour demain ?
C’est le visage d’un Paris révolutionnaire et totalement revisité qui a été dévoilé le 3 février par Anne Hidalgo en annonçant les 22 lauréats du concours “Réinventer Paris“.
Considéré comme l’un des concours architecturaux les plus ambitieux d’Europe, il consistait à concevoir des “projets urbains innovants” pour imaginer le Paris du futur tout en répondant aux besoins immédiats de la ville. Naturellement, la préoccupation environnementale y occupe une large place, combiné avec une politique active du logement social.
Si elles voient effectivement le jour, certaines idées, comme cette “ville multi-strate” ou encore cette bio-façade conçue avec des algues, devraient en tout cas définitivement propulser dans le XXIe siècle la vieille ville du XIXe. Jugez plutôt (pour avoir plus d’informations, rendez-vous sur le site officiel du concours).
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