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jeudi 3 novembre 2016

On refait le match du débat de la primaire à droite sur TF1: les notes des joueurs

Billet d'humeur politique ou et sportive ! :


" ... c'est une bonne idée de comparer au foot , d'abord parce que cela parle à beaucoup de monde et ensuite le foot étant un jeu d'équipe et d'attaque on comprend mieux la  position de chaque candidat ...!!!"







Info Huffington
On refait le match du débat de la primaire à droite sur TF1: les notes des joueurs.

                                                                                                                                                                     

avec AFP

PRIMAIRE DE LA DROITE - On refait le match. Moment très attendu, le premier débat télévisé de la primaire de la droite a pu laisser les téléspectateurs sur leur faim. Tendus par la solennité de l'événement, corsetés par un temps de parole restreint et millimétré qui les a conduits à bâcler leurs arguments, obsédés par les chiffres sans offrir de véritable vision d'ensemble, les sept candidats en lice n'ont pas toujours brillé jeudi soir lors de leur grand oral diffusé par TF1.

Il faut dire que chacun d'entre eux avait un objectif précis en tête pour ce premier passage obligé de la primaire, objectif souvent corrélé à leur classement dans les sondages. Et si aucun n'a véritablement perdu de points dans la course à l'investiture présidentielle, certains ont su incontestablement tirer leur épingle du jeu.

C'est notamment le cas d'Alain Juppé, qui sort vainqueur de ce premier débat télévisé selon plusieurs enquêtes réalisées auprès des personnes ayant regardé l'émission. Analyse du jeu de chacun des acteurs.

ALAIN JUPPE: LE JEU DE LA PASSE A DIX
S'il n'a pas fait d'étincelles pour ce premier débat, Alain Juppé a obtenu ce qu'il était venu chercher: le point du match nul. Grand favori de la primaire selon les sondages qui lui accordent une avance confortable sur son rival Nicolas Sarkozy, le maire de Bordeaux a géré intelligemment son avance sans trop s'exposer aux contre-attaques de ses poursuivants.

Abandonnant le rôle de l'homme à abattre à l'ancien président de la République, Alain Juppé s'est contenté d'un jeu de passe à dix en déroulant son programme, n'intervenant que pour éviter qu'on caricature son "identité heureuse". Avide de trop en dire, l'ancien premier ministre a souvent parlé trop vite et mal défendu son projet économique, se trompant même sur l'ampleur de la dégressivité des allocations chômage (20% au lieu de 25%) qu'il préconise.

Mais il n'a que rarement été mis en difficulté. Alors que l'on évoquait sa condamnation dans l'affaire des HLM de Paris, le "bonze de Bordeaux" a osé une plaisanterie en proposant de présenter son casier judiciaire à Bruno Le Maire. Avant de jouer la carte de la modestie: "Aujourd'hui, les Français ont la décision au bout de leur bulletin de vote. S'ils estiment que ma faute me disqualifie, ils ne m'éliront pas". Pari réussi: d'après les sondages d'après-débat, le nom du maire de Bordeaux remporte plus du tiers des suffrages des téléspectateurs: 36% selon un Sofres pour LCI, Le Figaro et Public Sénat et 35% selon Elabe pour BFMTV.
NICOLAS SARKOZY: TOUT POUR LA DEFENSE
Très offensif pendant sa campagne, ce qui ne lui réussit guère dans les sondages, Nicolas Sarkozy a opté pour une stratégie ultra-défensive pour ce premier débat télévisé. Redoutant un front "tout sauf Sarkozy" et soucieux de ne pas heurter ses électeurs potentiels, l'ancien président de la République s'est refusé à attaquer en contre, tentant de garder son calme malgré les piques répétées de Jean-François Copé et, dans une moindre mesure, de Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet.
Pour déminer les offensives de la concurrence, Nicolas Sarkozy a d'emblée rappelé que la plupart de ses détracteurs à droite avaient été ses ministres. Manière pour l'ancien chef de l'Etat de les rendre comptables du bilan de son quinquennat. Confronté à sa mise en examen en marge de l'affaire Bygmalion, Nicolas Sarkozy a bétonné sa défense en se présentant encore une fois comme un martyr: "Cinq non-lieu, des heures de télévision, des heures de bassesse, de calomnies. Rien".
Contesté sur son bilan économique et son refus de démanteler purement et simplement les 35 heures, Nicolas Sarkozy s'est montré plus pugnace sur les questions identitaires, sans toutefois renouer avec ses provocations gauloises sur le voile. Si sa prestation ne l'aura pas relancé, elle ne l'aura pas desservi non plus. Il arrive ainsi en deuxième position des candidats qui ont le plus convaincu; 22% des sondés par Sofres l'on désigné vainqueur et 21% chez Elabe.
BRUNO LE MAIRE: EN POINTE MAIS SANS COUP AU BUT
En lutte pour la troisième place et soucieux de s'imposer comme le candidat du "renouveau", Bruno Le Maire a opté pour le poste d'attaquant de pointe dans la feuille de match de la primaire. Mordant sur l'exemplarité, offensif sur le renouvellement de la classe politique, le député de l'Eure s'est démarqué par son style décontracté, incarné par quelques traits d'esprit... et l'absence remarquée de sa cravate.
Ménagé par Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, l'ancien ministre de l'Agriculture a tenté quelques frappes appuyées contre ses aînés: "Si vous voulez que tout continue comme avant, et bien vous avez tout ce qu'il vous faut sur ce plateau". Reste que la plupart de ses frappes n'ont que rarement trouvé le cadre à l'image de son altercation avec Alain Juppé sur l'identité heureuse "qui enferme". Le député de l'Eure a même failli se faire prendre en contre par Nicolas Sarkozy et par Alain Juppé quand il a classé les emplois aidés dans la catégorie des emplois publics.
S'il a marqué des points chez 15% des Français selon un sondage Elabe pour BFMTV, Bruno Le Maire est battu par François Fillon (17% contre 14%) chez les seuls sympathisants de droite.
FRANCOIS FILLON: BATAILLE AU MILIEU DE TERRAIN
Venu pour perturber la finale annoncée entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, François Fillon se rêvait en milieu offensif. Mais l'ancien premier ministre aura dû se contenter de la position de milieu de terrain. Se présentant en candidat de la "vérité", le chantre de la droite thatchérienne a répété inlassablement son programme de réformes économiques radicales tout en s'opposant à Nicolas Sarkozy sur la question de l'état de droit.
Sérieux et appliqué, le député de Paris n'a toutefois jamais vraiment fendu l'armure et ne s'est jamais aventuré au-delà de la ligne médiane. Sa principale transgression? Avoir "rendu justice" à Nicolas Sarkozy sur l'interdiction du port de la burqa. Ce qui a arraché un sourire de surprise à son concurrent. Seul moment de réelle indignation perceptible: les attaques du duo Jean-Pierre-Jouyet / François Hollande qui l'accusent d'avoir demandé une accélération de l'enquête judiciaire visant Nicolas Sarkozy. "Je découvre que (François Hollande) non seulement est inefficace et incompétent mais, en plus, c'est un manipulateur", a taclé l'ancien premier ministre. Ce qui ne devrait pas déplaire à l'électorat de la primaire.

La preuve: il a davantage convaincu les sympathisants de droite que Bruno Le Maire avec qui il lutte pour la troisième place.
JEAN-FRANCOIS COPE: A L'ATTAQUE MAIS GARE AUX DECHETS
Le trublion du débat, c'était incontestablement lui. Donné quasi-dernier dans les sondages, carbonisé par l'affaire Bygmalion en dépit de sa non-mise en examen, Jean-François Copé a lancé toutes ses forces dans ce premier face à face. Attaquant d'emblée Nicolas Sarkozy qu'il accuse d'avoir déçu la droite, le député-maire de Meaux a distribué les tacles et les croche-pattes à ses adversaires, revendiquant plus que jamais son credo de la "droite décomplexée".
Si elles lui ont incontestablement permis de se faire remarquer, ses offensives répétées ne lui ont pas valu que des succès. Et Jean-François Copé a enchaîné les déchets en s'exposant aux contres de ses adversaires. Alors qu'il revendiquait la paternité de la loi interdisant le voile intégral, le député-maire de Meaux a essuyé un soufflet de Nicolas Sarkozy qui était président au moment de son adoption: "La loi sur la burqa, pardon Jean-François, ce n'est pas toi qui nous l'as imposée, et tu étais bien incapable d'imposer ni au premier ministre, ni au président de la République quoi que ce soit, pas plus hier qu'aujourd'hui".
Difficile de déterminer si ces tirs désordonnés feront mouche chez les électeurs de la primaire. Ils n'ont en tous cas pas ravi les téléspectateurs qui placent le maire de Meaux en dernière position des personnes les plus convaincantes: seulement 1% des sondés par Sofres le donne vainqueur. Tout juste aura-t-il gâché la partie de Nicolas Sarkozy.
NKM: LE HORS-JEU PERMANENT
Candidate revendiquée de la modernité et seule femme en lice, Nathalie Kosciusko-Morizet a joué sa partie sans se préoccuper de celles de ses adversaires. Pratiquant un hors-jeu permanent en s'aventurant au-delà des frontières classiques de son camp, la députée de l'Essonne a tenté d'attirer l'attention de l'électorat centriste et de gauche en se présentant comme le porte-drapeau d'une "droite ouverte qui rassemble".
Pas question de fermer la porte de la primaire aux électeurs de gauche, a-t-elle plaidé en taclant les partisans d'une droite "chimiquement pure". Centrant son discours sur les travailleurs indépendants, l'hémisphère gauche de ce débat a semblé plus hésitant sur la réduction du déficit et la démission automatique des ministres mis en examen.
Peu mise en difficulté par ses adversaires, NKM a aussi pâti de ne pouvoir dérouler son programme sociétal progressiste (pro-mariage pour tous, pro PMA pour les couples lesbiens). Elle est, en conséquence dans le bas de tableau des candidats jugées les plus convaincants.
JEAN-FREDERIC POISSON: PREMIERE SELECTION REUSSIE
Comme souvent, c'est l'inconnu de la primaire qui a su le mieux tirer parti de ce débat sans grand relief. Jouant habilement en contre tout au long du match, le député des Yvelines Jean-Frédéric Poisson a crevé l'écran face à ses adversaires du parti Les Républicains. Il faut dire que le président du Parti-Chrétien démocrate, où il a succédé à Christine Boutin, avait des différences à faire valoir.
Hostile aux cures d'austérité libérales, pas obsédé par la suppression des 35 heures, adversaire d'une politique du tout-sécuritaire et contre une stigmatisation à tout crin de l'islam, ce souverainiste assumé a su tranquillement installer sa candidature en se démarquant en tous points de ses rivaux.
Là où les candidats se perdaient en démonstrations économiques laborieuses, lui a su se contenter d'afficher un discours "politique" et pragmatique. Si sa carrure de pilier de rugby, son humour et sa connaissance précise de la législation lui ont permis de marquer des points chez les téléspectateurs qui l'ont découvert ce soir (Qui est Jean-Frédéric Poisson a été la requête la plus tapée dans Google), il n'a exposé qu'une partie de sa palette programmatique. Car cet érudit aimable est aussi un des bras politiques de la Manif pour tous, partisan déterminé de l'abrogation de la loi Taubira. Il est aussi l'une des rares personnalités à droite à plaider pour un rapprochement avec le Front national et assume qu'il pourrait voter pour Robert Ménard, le sulfureux maire d'extrême droite de Béziers. Étrangement, aucun de ses adversaires ne lui en a fait le procès.
 

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