Billet d'humeur journalistique :
" .... après "l'or blanc", "l'or vert" !!!!"
Info AFP
Les skieurs sur herbe prennent d'assaut les vertes pistes.
Combinaison, casque, bâtons, dossard, des skieurs se préparent à dévaler la pente à Kaprun, dans les Alpes autrichiennes, mais pas de neige à l'horizon: il s'agit d'une course de ski sur herbe, le pendant estival du ski alpin.
Perchés sur leurs skis à chenilles, 56 athlètes internationaux s'affrontaient samedi et dimanche pour une étape de la Coupe du monde de la discipline, qui comprend les mêmes disciplines qu'en hiver, sauf la descente.
En regardant les coureurs dessiner des courbes sur la pente, on pourrait croire à une compétition de ski alpin, à l'exception de la piste, bien verte: même équipement, mêmes portes, mêmes mouvements.
"Sur beaucoup de points, c'est la même chose. On appuie les skis sur les côtés et ça tourne", a expliqué à l'AFP la Slovaque Barbara Mikova, qui a remporté le super-combiné samedi. Mais les sensations sont différentes, s'accordent à dire les athlètes, puisqu'en ski alpin, on glisse, alors qu'en ski sur herbe, on roule.
"Le ski sur herbe est plus exact" car il est impossible de déraper, estime Kristin Hetfleisch. La jeune Autrichienne fait partie, à 16 ans seulement, du top 3 mondial et porte la même combinaison rouge-blanc-rouge que les stars autrichiennes de l'alpin Anna Fenninger ou Marcel Hirscher.
Des pointes à 90 km/h
Dans le monde, environ 2.000 personnes pratiquent régulièrement le ski sur herbe, selon la Fédération internationale de ski (FIS). Pour la majorité d'entre eux, c'est un hobby. Mais en Autriche, le ski sur herbe est avant tout un sport de compétition: le pays compte une cinquantaine de licenciés, dont 20 pratiquent à très haut niveau.
L'un d'eux, Michael Stocker, aime comparer son sport au saut à skis, peu pratiqué en dehors des compétitions: "Ce n'est pas un sport de touriste... Ce que nous faisons ici, c'est un sport de course. On ne prend pas juste comme ça le volant d'une Formule-1", explique ce grand gaillard à barbichette, un habitué des podiums.
Descendre une montagne en ski sur herbe suppose une maîtrise des techniques de ski alpin, une bonne forme physique et une certaine dose de courage, les plus rapides pouvant atteindre une vitesse de 90 km/h en super-G. Dans la même discipline sur neige, les skieurs font des pointes à 120 ou 130 km/h.
Les mêmes nations dominent les deux sports: l'Autriche, la Suisse, l'Italie. Lors des grandes compétitions internationales participent aussi l'Iran et le Japon, où il y a des pentes mais pas toujours l'encadrement nécessaire à de bons résultats en ski alpin.
La République tchèque tire son épingle du jeu sur herbe grâce aux performances de Jan Nemec, qui domine le tableau masculin depuis une dizaine d'années et est le seul skieur sur herbe professionnel. Tous les autres sont restés amateurs.
Manque de sponsors
C'est que l'argent reste rare en ski sur herbe. La dotation pour les courses à Kaprun est de 4.000 euros alors que pour une étape de Coupe du monde en alpin, c'est près de vingt fois plus.
"Il n'y a pas d'industrie sur laquelle s'appuyer. Il y a bien des fabricants, en Autriche, en République tchèque ou au Japon, mais ce sont toujours de très petites entreprises, pas de quoi faire des affaires", constate le responsable ski sur herbe de la Fédération autrichienne de ski (ÖSV), Gottfried Wolfsberger, déplorant le manque de parraineurs.
D'ailleurs les coureurs, qui ont souvent commencé avec le ski alpin, troquent en général par hasard les spatules contre les chenilles: "Au début, je cherchais à pratiquer en été de quoi m'améliorer pour l'hiver. Maintenant, je skie l'hiver pour être meilleur en été", raconte l'Autrichien Christoph Schranz avant de chausser ses lunettes et de s'élancer et faire siffler ses skis sur la piste.
P.