Billet d'humeur journalistique :
" ... vraiment une erreur de casting, pauvre cheval, il serait tellement mieux dans un pré..."
Info 20 Minutes
Quand un photographe offre des clichés surréalistes de la Seine-Saint-Denis
Le trompe-l’œil. Un fil conducteur dans le travail de Manolo Mylonas. Ce photographe de 45 ans a rendu un hommage en images à la Seine-Saint-Denis remarqué. Avec «Tous les jours dimanche», il donne à voir des scènes insolites: une famille qui pique-nique sur une autoroute, un couple qui danse au milieu des gravas... Avec cette série, Manolo Mylonas a remporté le zoom 2014 du Salon de la photo, qui lui permet d’exposer à la Porte de Versailles de jeudi à lundi. «Je serai là toutes les après-midi, si le public veut me rencontrer qu’il ramène à boire», ironise le photographe.
Une vision surréaliste de la Seine-Saint-Denis
Il le reconnaît volontiers, ce travail sur le 93 l’a fait connaître. «Toutes les images sont réalisées sans mise en scène, précise l’artiste. L’idée est partie des Passagers du Roissy-Express, un journal de bord écrit par François Maspero et photographié par Anaïk Frantz pour sa vision tendre et insolite de la banlieue.» Une série débutée avec le cliché d’un cheval en haut des tours. «Une amie qui habite à côté m’a prévenu. J’ai alors décidé de montrer comment les gens s’approprient un coin de bonheur dans cet univers de mauvaise réputation.» Un travail surréaliste qui dure depuis quatre ans et se poursuit.
Détour par le cinéma
Rien d’étonnant donc à ce que Manolo Mylonas ait fait un détour par le cinéma avant de pondre ses photos à la frontière entre réel et imaginaire. «Mon père bossait dans le cinéma, raconte l’artiste. Tout gamin je faisais le tour des studios à Boulogne, Bry-sur-Marne... J’ai été bercé par cette machine à rêves.» Après son diplôme aux Arts Déco, Manolo crée pendant quatre ans des décors de théâtre et de cinéma. Avant de replonger dans sa passion pour la photo. Dès 13 ans, il capture des scènes de famille. Avant d’aiguiser son regard dans la Pologne de Solidarnosc à 17 ans. Il tirera de ces reportages initiatiques des carnets de voyage, en dessins et photos parus en 2000.
«Je commence comme photographe professionnel en 2004 avec une première série «Mon mari est capable» au Burkina Faso, reprend le photographe. A l’époque, le président Thomas Sankara institutionnalise l’utilisation de la mobylette par souci d’économie». La série, qui dévoile des Burkinabés qui ont troqué la charrette pour la mobylette ou raconte cette société de façon décalée.
Avec sa série sur les ateliers d’artistes en 2005, le photographe espère « raconter des lieux extraordinaires de création inaccessible au public.» En 2012, de retour en France et dans sa banlieue d’adoption, Manolo s’inspire à nouveau du 7e art pour sa série «Fenêtre sur rue». «Parler de l’intimité par le regard voyeuriste en fixant ces fenêtres du Près-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) à la tombée de la nuit rappelle Fenêtre sur cour d’Hitchcock. Mais ce décor en carton-pâte me fait aussi penser à l’univers d’Alexandre Trauner, décorateur de Marcel Carné. Le cinéma fait partie de mon parcours.»
Ramener du rêve dans le quotidien des banlieusards, voilà un pari que Manolo a gagné. «Ceux qui font le quotidien de cette banlieue ont envie de changer non pas l’image mais le regard sur la Seine-Saint-Denis. Certains habitants m’écrivent pour me décrire une scène extraordinaire qui leur rappelle mes photos. Elles leur ont peut-être ouvert les yeux sur une autre réalité.»
De 6 à 11 euros. Salon de la photo, du jeudi 13 au lundi 17 novembre à la Porte de Versailles (15e).
P.
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