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lundi 2 mars 2015

8 choses incroyables que vous ne saviez pas sur les couleurs

Billet d'humeur journalistique :

" .... l'art et l'histoire se confondent c'est intéressant de remettre tout cela en perspective, mais je me demande ce qu'auraient fait nos hommes préhistoriques avec une bombe à peinture dans leurs grottes !!!"



Info Huffington Post
Histoire de l'art: huit choses incroyables que vous ne saviez pas sur les couleurs
ART - Vous partez sans doute du principe que le bleu de votre jean n’a rien de particulier ou que les marrons de ce tableau acquis chez un brocanteur n’ont rien de répugnant. Mais nombre de ces pigments proviennent pourtant de sources plutôt insolites.
Par le passé, les monarques de France et ceux de la plupart des autres pays européens devaient se tenir sur leurs gardes, car l’ignorance en matière de couleurs pouvait avoir des conséquences mortelles. Comme vous allez le constater, le papier peint vert peut s’avérer bien plus dangereux qu’il n’y paraît…
La plupart des informations qui ont servi pour compiler les huit faits saugrenus ci-dessous sont tirées de l’incroyable ouvrage The Brilliant History of Color in Art de la journaliste Victoria Finlay (2014), encore non traduit en français.

1.Jusqu’en 1925, la chair de momies égyptiennes entrait dans la composition d’un marron assez répandu

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Image de gauche : WikiCommons. Image de droite : Getty.
Selon le Smithsonian, ce "brun momie" était encore utilisé en 1964, après quoi on imagine que le "fabricant" est tombé en rupture de stock: plus de momies à moudre pour faire de la peinture! Depuis des siècles, les peintres utilisaient ce "brun momie", une substance pour le moins étrange qu’ils se procuraient probablement à l’origine chez des apothicaires, et qui avait des vertus médicinales.
Dans The Brilliant History of Color in Art, Victoria Finlay explique la genèse de ce procédé :
En fait, les momies ont servi de substance médicinale dès le XIVe siècle, ce qui semble encore plus étrange. La quasi-totalité des pigments que l’on trouvait sur la palette des peintres, depuis le Moyen-âge jusqu’à la Renaissance, faisaient également office de médicaments, notamment le blanc de plomb (aussi appelé céruse), le minium, le vermillon, la craie, l’orpin de Perse (ou jaune royal), le sépia, le bleu d’outremer et… le brun momie. On se procurait ces médicaments chez les apothicaires, principaux fournisseurs des peintres à l’époque. En apercevant du brun momie chez l’apothicaire du coin, s’est probablement dit: "Ça pourrait rendre pas mal en peinture, ça, non?"
En 1712, un magasin de fournitures artistiques baptisé "À la momie" a vu le jour à Paris, coïncidant avec l’essor de cette couleur. Finlay ajoute qu’au cours du XVIIIe siècle, le brun le plus raffiné, celui qu’affectionnait le président de l’Académie royale des Beaux-arts, était supposé provenir de "la chair de la momie, les parties les plus charnues étant les plus prisées".
Pour ceux qui se demandent à quoi des momies broyées peuvent bien ressembler quand on en fait de l’art, sachez que le tableau ci-dessus, Intérieur d’une cuisine (1815) de Martin Drölling, propriété du Louvre, utiliserait beaucoup de brun momie.
On serait bien en peine d’en dégoter à l’heure actuelle. Selon un article paru dans le Time en 1964, Geoffrey Roberson-Park, directeur d’une entreprise londonienne de fabrication de pigments ayant pignon sur rue, aurait déclaré: "Il nous en reste peut-être encore quelques morceaux ici où là, mais pas assez pour en faire de la peinture."

2. Pour obtenir la pourpre royale des Romains et de Cléopâtre, on trempait des milliers de coquillages avariés dans de l’urine

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Finlay rapporte que la reine Cléopâtre nourrissait une obsession pour cette teinture qu’elle répandait partout sur son passage, depuis les sofas jusqu’aux voiles de ses bateaux. Quand Jules César lui a rendu visite en 48 av. J.-C., il est devenu tout aussi accro de ce pigment qu’il a hissé au rang de couleur de la royauté romaine.
Si cette couleur est rapidement devenue synonyme d’extrême richesse, sa fabrication était pour le moins répugnante: "Il fallait plus de 250.000 murex brandaris et murex trunculus pour extraire une quinzaine de grammes de teinture. Tout juste de quoi colorer une toge…"
Le livre explique que la puanteur dégagée par ce procédé était telle qu’il devait être effectué hors de l’enceinte de la ville. Mais l’odeur imprégnait même le pigment:
Les cuves de pourpre devaient être maintenues à l’extérieur de la ville, car nul n’aurait pu vivre dans ces immondes effluves de coquillages en putréfaction marinant dans l’urine rance, auxquelles venaient se mêler la cendre de bois et l’eau. Même les habits teints par ce biais gardaient des relents bien distincts de poiscaille et de marée. Si l’historien Pline l’a qualifiée de "nauséabonde", pour d’autres Romains, c’était la couleur de l’argent.
Selon le Smithsonian, cette méthode rebutante a été utilisée au moins jusqu’en 1856, année où un nouveau type de pourpre a vu le jour. Il s’agissait de la toute première teinture synthétique, une prouesse technique due à un chimiste de dix-huit ans du nom de William Perkin.

3. La peinture jaune si chère à Van Gogh pourrait avoir contribué à sa dégénérescence mentale

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Si l’on n’a jamais pu déterminer les raisons de la démence du peintre, la théorie selon laquelle sa propre peinture aurait pu jouer un rôle prépondérant n’est pas dénuée d’intérêt. Dans un essai intitulé Vincent van Gogh and the Toxic Colors of Saturn, F. Javier González Luque et A. Luis Montejo González avancent que les peintures au plomb, et notamment le jaune de chrome si cher à Van Gogh, auraient pu en être la cause:
Pour s’adonner à la technique de l’impasto, ancrée dans l’utilisation d’épaisses couches de peinture, Van Gogh mélangeait des couleurs à haute teneur en plomb, tels le blanc de plomb (carbonate de plomb) ou le jaune de chrome (chromate de plomb). Ces pigments sont fortement toxiques dans la peinture à l’huile et leur utilisation est liée au saturnisme.
S’il faut incriminer le "jaune de chrome", c’est sans doute le jour où Van Gogh s’en est vidé un tube entier dans la bouche que le pigment a dû lui être le plus nocif, comme le suggère Finlay.
4. Le rouge pourrait rendre plus fort

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Cette hypothèse a été corroborée par quelques tests notoires, celui de l’Université britannique de Durham en 2005 affirmant même qu’il faudrait repenser les tenues de sport au vu des données observées. Cette étude, qui conclut que "le rouge améliore les performances dans les compétitions", indique également:
En observant différents sports, nous nous sommes rendu compte que le fait de porter du rouge augmentait systématiquement les chances de gagner. Ces résultats montrent non seulement que la sélection sexuelle a pu jouer un rôle dans l’évolution de nos réactions aux couleurs mais aussi qu’il est nécessaire de tenir compte de la couleur des tenues de sport par souci d’équité.
Peut-être les tenues des Chicago Bulls ont-elles contribué au succès phénoménal de Michael Jordan?
L’étude menée par l’Université de Samford en 2008 sur "l’effet des couleurs claires sur la force musculaire" abonde dans ce sens. Elle explique qu’une "analyse multicritères à mesures répétées de la variance démontre que la force musculaire moyenne est bien plus élevée lorsqu’on effectue le test dans une pièce éclairée en rouge qu’avec une lumière bleue ou blanche." La Roxanne de Police aurait donc mieux fait d’allumer sa lampe rouge…
Cet effet a également été observé dans les jeux vidéo: à en croire une étude menée en 2004, les joueurs rouges avaient tendance à gagner plus souvent.

5. La peinture par pulvérisation existait déjà à la Préhistoire

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En l’absence de bombes aérosols, les fresques des Grottes de Lascaux, qui datent d’environ 17.000 ans, ont très probablement été réalisées grâce à une technique consistant à pulvériser de la peinture sur les parois des cavités. Finlay explique que "la peinture du Grand Taureau a été obtenue grâce au mélange de minéraux moulus dans un liquide. Ils ont ensuite été pulvérisés avec la bouche, ou par le biais d’une sarbacane".
Ces tubes étaient faits de bois, d’os ou de matières végétales.
D’autres fresques préhistoriques ont bénéficié de cette technique, selon Finlay: "On peut noter l’usage de procédés similaires dans d’autres grottes, et pas simplement en Europe: en Australie il y a 40 000 ans, dans le désert africain du Kalahari, les montagnes de Patagonie en Argentine, et dans l’État mexicain de Baja California."

6. La créatrice du bleu des jeans Levi’s n’avait que 21 ans

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Image de gauche: WikiCommons

Eliza Lucas est une héroïne aux yeux de ses compatriotes de Caroline du Sud, car elle a permis à la jeune colonie de s’enrichir grâce à la culture de l’indigo. Au milieu du XVIIIe siècle, elle a tenté d’en faire pousser, mais ses premières tentatives ont été des échecs. Comme le relate Finlay:
Le gel a détruit sa première culture, et la seconde, en 1741, s’est avérée encore plus catastrophique... La troisième a été dévorée par des chenilles mais — la persévérance est une sorte de fil rouge dans l’histoire des couleurs — la quatrième était la bonne et, en 1744, Eliza Lucas a produit la toute première récolte d’indigo de la Caroline du Sud.
Malgré toutes les déconfitures, dont un sabotage interne au cours de la deuxième saison, Lucas, du haut de ses 21 ans, a réussi à générer une récolte d’indigo à destination du continent nord-américain.
Un siècle plus tard, deux hommes d’affaires de San Francisco, Jacob Davis et Levi Strauss, utiliseraient sa teinture dans la confection de leurs blue jeans désormais légendaires.

7. Napoléon est peut-être mort parce que sa chambre était verte

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En 1775, Carl Wilhelm Scheele a élaboré un pigment qui obtiendrait ses lettres de noblesse sous le nom de vert de Scheele. Cette couleur, dont la fabrication requérait de l’arsenic, a malheureusement beaucoup servi pour les chambres d’enfant et pour les étoffes de robes, ce qui a causé de nombreux empoisonnements.
Quelques décennies plus tard, en 1821, Napoléon Bonaparte est mort en exile à Sainte-Hélène. À l’époque, personne ne s’était expliqué la présence d’arsenic dans ses cheveux. Jusqu’au jour où, en 1980, un échantillon de papier peint dérobé dans la chambre à coucher de Napoléon a refait surface, orné d’une fleur-de-lys vert de Scheele. Il est possible que, sous l’influence du climat humide à Sainte-Hélène, l’arsenic ait suinté, empoisonnant Napoléon tandis qu’il se reposait, jusqu’à ce que mort s’ensuive.
On a aussi découvert que la salle de bain de Napoléon était, à l’origine, tapissée de ce même papier. Napoléon avait l’habitude de prendre des bains de vapeur pour de se détendre, sans savoir qu’il s’intoxiquait ainsi de plus belle à l’arsenic.

8. Le rouge de certaines tapisseries royales est à base de sang de bœuf et de fumier

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Ce pigment très sale s’appelait rouge garance. Dans son ouvrage Madder Red: A History of Luxury and Trade, Robert Chenciner en donne la recette en treize étapes, dont plusieurs sont particulièrement répugnantes. Voici, dans les grandes lignes, comment procéder:
Le tissu était bouilli, enduit de bouse de vache et d’huile en guise de mordant, et baigné dans trois bains d’huile. Ensuite, il passait dans quatre bains de carbonate de sodium, suivis d’un lavage, d’un frottage en profondeur, d’une coloration au sumac et à l’alun, et d’un ultime nettoyage. Après une longue préparation, le tissu, dont le coloris variait du blanc au gris, était teint avec de la garance contenant divers autres ingrédients. Le plus surprenant étant le sang de bœuf.
Chenciner explique que les "teinturiers orientaux", quelque peu superstitieux, attribuaient au sang de bœuf des vertus magiques. Dans son ouvrage, il affirme aussi que Nathaniel Hawthorne fait allusion à ce procédé dans La Lettre écarlate, lorsqu’il écrit que la lettre qui orne la poitrine d’Hester Prynne a l’odeur du sang.
Dans The Brilliant History of Color in Art, Finlay ajoute que ce procédé est inspiré d’une recette turque pour transformer la couleur en teinture, procédé repris par les Néerlandais en 1730.
La Manufacture royale de tapisserie des Gobelins, à Paris, a beaucoup utilisé cette couleur au XVIIe siècle pour les tapisseries des appartements de Louis XIV. Les murs du palais royal étaient donc rehaussés de sang de bœuf et de bouse de vache ou de mouton, marinés dans de l’huile de ricin rance.

BONUS: L’esthétique architecturale de Washington repose sur une image faussée des cités antiques.

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En 1791, George Washington a nommé Pierre Charles L'Enfant pour dessiner les plans de ce qui deviendrait Washington. Comme Finlay nous l’apprend, les tout premiers Américains voulaient s’inspirer de la Rome et de la Grèce antiques étant donné que ces cultures avaient, par de nombreux aspects, influencé leur nouveau gouvernement. Hélas pour eux, visuellement, ils avaient tout faux:
La plupart des sculptures et édifices majeurs de la Grèce et de la Rome antiques n’étaient pas blancs. Nous savons désormais qu’ils étaient quasiment tous décorés de couleurs vives. Certains arboraient même des feuilles d’or pur. Mais ces partis-pris esthétiques ne collaient pas avec les goûts des siècles suivants. Pour eux, les couleurs étaient synonymes de frivolité et d’ostentation, et ils ont préféré imaginer un monde classique idéalisé, d’un blanc immaculé.
Sauf indication contraire, toutes les images sont la propriété de Getty.

1 commentaire:

  1. Moi j'espère que le turquoise n'est pas toxique....sinon je connais un tabouret de cave teint au sang de bœuf , accord avec le vin ?

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