Billet d'humeur journalistique :
"... comme quoi il faut toujours avoir des idées !"
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"Starbikes", le Starbucks du pauvre en Indonésie
"Les riches vont chez Starbucks. Nous les pauvres, on appelle les Starbikes". Dans les rues de Djakarta, une armée de vendeurs à vélo ("bikes" en anglais) offrent cafés et capuccino à des prix imbattables: un petit commerce qui leur permet de s'extraire de la pauvreté.
Sambang, 28 ans, a quitté il y a un an sa campagne où il subsistait avec un maigre salaire de fermier pour "monter" à Djakarta, espérant trouver une meilleure vie dans l'immense mégapole de plus de 20 millions d'habitants.
La capitale indonésienne n'a pas déçu ses attentes. Pour 150 dollars (qu'il a dû emprunter), il est devenu l'heureux propriétaire d'un "Starbike": un vélo équipé d'un porte-bagages où brinquebalent d'immenses thermos à chaque passage sur les nombreux nids de poule de la métropole.
Pour trente dollars par mois, un "agent" lui fournit l'eau bouillante, les verres en plastique transparent et les sachets de café instantanés qui pendent en guirlande le long du guidon: l'habituel "Kapal Kopi" (café noir) bien sûr, mais aussi les très tendance capuccino et latte.
"3.000 roupies le verre" (25 centimes d'euro), lance Sambang, qui, comme beaucoup d'Indonésiens, n'utilise qu'un seul nom. 3.000 roupies, c'est le dixième de ce que coûte un café dans les Starbucks ou Coffee Bean des centres commerciaux au marbre rutilant du centre de Djakarta.
Mais plus de la moitié des 240 millions d'Indonésiens vivent avec moins de deux dollars par jour: c'est cette clientèle-là que vise Sambang.
"Les riches vont chez Starbucks. Nous les pauvres, on appelle les Starbikes", dit dans un rire Junarsah, un chauffeur de taxi de 44 ans descendu de sa Mercedes noire pour héler un vendeur de café.
"Pas Cher, rapide et bon. Je suis content", ajoute-t-il, un gobelet de café brûlant en main et une cigarette dans l'autre.
"Bien sûr que j'aimerais bien me payer un bon café dans un centre commercial, servi dans une de ces tasses chic, mais le prix d'un seul café là-bas suffit à me nourrir pendant une semaine!", explique Haryono, conducteur d'"ojek" (moto-taxi).
Ils sont ainsi des centaines à avoir recours aux Starbikes. Pour le plus grand plaisir de Sambang. A raison de 200 à 300 clients par jour, Sambang gagne une centaine de dollars par mois (76 euros): ce n'est pas bien lourd, comme le prouvent son tee-shirt délavé et ses sandales élimées, mais c'est un salaire très raisonnable dans le pays. Et cela lui permettra de rembourser en six mois le prêt contracté pour acheter son vélo.
Pour le paysan débarqué de son "kampung" (village), c'est déjà une immense gloire.
Mais avec des centaines de "Starbikes" tentant de se faufiler dans les bouchons légendaires de Djakarta, la concurrence est rude et l'ancien fermier, devenu "businessman", est prêt à tout faire pour défendre son gagne-pain.
"Je donne à mes clients fidèles mon numéro de téléphone portable, pour qu'ils puissent passer commande. Je livre aussi gratuitement dans les bureaux. Tout est bon pour avoir plus de clients".
P.
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