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lundi 19 mars 2012

Bulgares et Roumains déroulent le fil rouge au printemps

Billet d'humeur journalistique :

" ... comme quoi rien qu'un fil relie les hommes..."


Info Voila
Bulgares et Roumains déroulent le fil rouge au printemps
Les Japonais fêtent le printemps sous les cerisiers en fleurs. En Roumanie et en Bulgarie, la saison du renouveau est largement célébrée avec un "martisor" ou "martenitsa", amulette entourée de fils rouge et blanc devenue aujourd'hui un objet de mode urbain.
Jeudi, des millions de Roumains donneront en cadeau un "martisor" à leurs enfants, parents, amis, collègues, à Bucarest et dans tout le pays.
En Bulgarie voisine, hommes et femmes, fonctionnaires et ministres, tous arboreront sur leur veste ou autour de leur poignet des fils enchevêtrés rouge et blanc appelés "martenitsa". Les animaux de compagnie en recevront également.
La "martenitsa" est portée tout le long du mois de mars. Elle ne doit pas être jetée, mais attachée aux BRANCHES d'un arbre, dès qu'on voit une cigogne.
Le quotidien bulgare Standart a même lancé une campagne pour l'inscription de cette tradition au patrimoine mondial de l'UNESCO.
"La martenitsa est une des traditions bulgares les plus authentiques. Dans Le Monde contemporain sans frontières la martenitsa nous rend, nous, les Bulgares, différents, uniques, intéressants", a expliqué Standart.
En Roumanie, né dans Le Monde rural, le "martisor" est aujourd'hui devenu un objet de mode urbain, décliné en feutre, cuir, matériaux recyclés, sous forme de broche, de bracelet ou d'objet décoratif.
"La ville a récupéré une tradition rurale qu'elle a transformée de façon artistique. On continue à marquer le fait que vient le printemps même si nous sommes moins liés au rythme de la nature que ne l'étaient les paysans", explique à l'AFP Lila Passima, chercheuse au Musée du paysan roumain de Bucarest, un des instituts ethnographiques les plus réputés d'Europe.
"Ce n'est pas quelque chose de vieillot. C'est un symbole universel. La tradition n'a pas vieilli car nous les jeunes nous pouvons la renouveler sous des formes pratiques, adaptables à la vie de tous les jours", dit Carmen Miron, 23 ans, qui travaille dans un concept store de Bucarest et créé ses propres "martisoare" (pluriel de martisor).
Le "martisor" est né il y a quelques centaines d'années, estiment les spécialistes même si certains soutiennent qu'il est issu de la culture des Daces, ancêtres des Roumains.
"Les paysans suivaient le rythme des saisons. Ils célébraient le printemps, le 1er mars, en attachant un fil rouge (vitalité, passion) et blanc (pureté) sur les arbres ou sur les cornes des vaches comme signe de protection et de chance", explique Mme Passima.
"Vers les années 1900, la ville s'empare du martisor", dit Mme Passima. De simple fil protecteur, il devient objet, bijou, accessoire.
En Roumanie, sous la dictature communiste qui prôna une urbanisation forcée, étudiants, ouvriers et autres catégories sociales continuèrent de fabriquer des "martisoare" qu'ils avaient le droit de vendre sur certaines places des villes début mars. Une occasion unique de commerce privé.
"Aujourd'hui, la tradition est réinventée, avec d'autres formes d'expression, y compris post-modernes, car les matériaux viennent du monde urbain. La créativité est illimitée", poursuit-elle.
Carmen Miron a choisi de peindre tulipes et soleils sur des pierres rondes et blanches de l'île grecque de Thassos pour que "mes martisoare apportent un sentiment de lumière, de paix, de chaleur".
Comme l'année dernière, elle vendra ses créations sur un marché organisé pour l'occasion, loin des étals proposant des objets en série venus de Chine.
En Bulgarie, la fabrication de "martenitsas" constitue une industrie artisanale dont le chiffre d'affaires annuel est estimée à environ 15 millions d'euros, selon le journal Pressa.
Dans des entreprises, comme au cabinet d'avocats Pelinari de Bucarest, des ateliers de martisoare sont aussi organisés pour les enfants des employés afin de "transmettre la tradition".

P.

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